Trois personnalités du monde du théâtre : Ils s'aiment
Scène

Trois personnalités du monde du théâtre : Ils s’aiment

Trois personnalités du monde du théâtre nous font part de leurs influences et des pièces ou acteurs qui les ont marqués au courant de la dernière année.

JEAN MAHEUX

"Les Jumeaux vénitiens (Goldoni), que Jean-Guy Legault a monté à Denise-Pelletier, est un grand coup de cœur. C’est vraiment une mise en scène extraordinaire", rapporte Jean Maheux, qui incarnait dernièrement Don Quichotte dans L’Homme de la Mancha. "Legault a amené les acteurs à jouer de manière très étonnante; j’ai été soufflé par leurs performances. J’ai été impressionné par la cohésion du spectacle, qui peut avoir l’air, à première vue, d’un fouillis total, mais on sent vite qu’il y a un metteur en scène qui possède vraiment une vision. Et les comédiens étaient vraiment bons. Un magnifique divertissement, enlevant, et avec une réflexion. Par contre, je mettrais ce spectacle ex æquo avec Circus Minimus de Christian Bégin, mais pour des raisons très différentes. Le spectacle de Bégin en est un que l’on qualifie de coup-de-poing, de rentre-dedans, et la salle convenait bien: par grands bouts, ça avait l’air d’un non-événement. Je suis sorti de là troublé." L’acteur tient aussi à mentionner le travail exceptionnel de deux comédiens dans d’autres productions: "Isabelle Vincent dans Les bonbons qui sauvent la vie (Serge Boucher) est arrivée à rendre intéressant un personnage drabe, et Henri Chassé dans La Fausse Suivante (Marivaux), que j’aurais suivi toute la soirée (le personnage s’esquive avant la fin). J’ai senti tout le métier de cet acteur."

HENRI CHASSÉ

Henri Chassé, qui jouait aussi en 2004 dans La Mémoire de l’eau (Shelag), a pour sa part été frappé par le jeu de Benoît Gouin dans Doldrum Bay (Hilary Fannin) et celui de Harry Standjofski, qui reprend ces jours-ci Give the Lady a Break (Dalpé) dans les Contes urbains. Mais Incendies est le spectacle qui a le plus retenu son attention. "J’ai rarement vu ce sujet (celui de la guerre) traité de cette façon-là, avec autant d’humanité et d’humour. Il y a de ces pièces qui peuvent être dangereusement thématiques, qui s’éloignent du théâtre, alors qu’avec Incendies, le théâtre est à l’avant-plan, donc tout le reste sort encore plus fort. Wajdi Mouawad est quelqu’un de très efficace: il sait faire passer sa pensée, sa pureté, tout en donnant un spectacle bien fait, bien raconté. Cette pièce m’a touché, et en plus, j’ai beaucoup ri. C’est aussi très populaire, dans le véritable sens du mot."

BRIGITTE POUPART

"Mes deux grandes influences sont Robert Gravel et Jean-Pierre Ronfard", nous dit Brigitte Poupart, qui présente en ce moment Cérémonials à l’Espace Go. "Ce sont mes incontournables références du théâtre de création. Ensuite, les premières expériences qui m’ont influencée viennent de Robert Lepage, tant sur le plan de l’utilisation de l’espace scénographique et de la recherche que sur le plan des images et des ressources sensibles. Je pense à W.C., qui se passait dans des toilettes publiques pour femmes et à Babel, où l’architecture était importante, et même à Cérémonials, qui part de l’histoire d’une église. Je travaille beaucoup avec les lieux et avec l’improvisation; toutes ces techniques de l’époque de Repère se sont transmises jusqu’à moi. Je me revois, il y a 15 ans, à la sortie du Conservatoire de Montréal, et je me rends compte que ce que je suis et ce que je fais aujourd’hui, ça vient vraiment de ces gens-là. Ça s’est confirmé au fil des ans."