Normand Carrière : L'héritage
Scène

Normand Carrière : L’héritage

Le comédien Normand Carrière présente Normand, ô mon amour!, son premier spectacle solo.

Collaborateur notamment du Théâtre Harpagon, du Parminou et plus récemment du Boléro, Normand Carrière possède une vaste expérience de comédien, de metteur en scène et de pédagogue. Au cours des 15 dernières années, ses aptitudes pour le chant et la danse lui ont permis de prendre part à certaines des plus marquantes productions de comédie musicale au Québec: Les Misérables, L’Opéra de quat’sous, Demain matin, Montréal m’attend, La Cage aux folles, Jeanne Dark… À 49 ans, il donne son premier spectacle solo, Normand, ô mon amour!, un théâtre musical inspiré par le souvenir de ses défunts parents.

Une première version de Normand, ô mon amour! a été créée à Laval en 2002, au Théâtre de la Grangerit, une institution au sein de laquelle Carrière a œuvré durant de nombreuses années. Saisissant la carte blanche que lui tend la compagnie, le créateur amalgame poésie, danse, musique, chant et récit afin de rendre un vibrant hommage à ceux qui lui ont offert la vie. Jeanne Guy et Armand Carrière appartenaient à des milieux modestes. Ménagère, elle habitait le Plateau Mont-Royal. Menuisier, il avait grandi dans la campagne ontarienne. Elle aimait les chansons en français, lui les préférait en anglais. "À l’adolescence, j’étais en réaction contre mes parents, affirme le comédien. Je ne voulais surtout pas leur ressembler ou penser comme eux. En vieillissant, j’adhère, je consens, je reconnais que je viens de là. Quand je me regarde dans le miroir, je vois le corps de mon père, je reconnais son visage, ses expressions, son héritage en quelque sorte. Aujourd’hui, leur personnalité est une grande source d’inspiration pour moi."

En réalisant ce solo, le créateur questionne non seulement la relation qu’il entretient avec sa famille, mais aussi celle qui l’unit à son métier. Il entonne les airs que ses parents chérissaient, ceux qui ont ponctué le temps, célébrant la vie, transgressant la mort. "Ce spectacle est né d’un questionnement personnel, précise le comédien. Comme je suis le dernier d’une lignée, je me suis demandé ce que j’allais laisser aux générations à venir. J’ai non seulement dû revisiter la vie de mes parents, mais aussi la mienne, mon cheminement d’artiste. Je me suis demandé pourquoi je chantais, pourquoi je jouais; d’où venait mon envie, comme le disait Vigneault, de divertir et d’avertir à la fois." À une époque où l’on ne cesse de glorifier l’exploit, le créateur ose élaborer un spectacle à partir de la vie de gens ordinaires. Il explique: "Sous le régime de Pinochet, des gens descendaient dans les rues avec la photo d’un proche disparu. D’abord pour retrouver ces personnes, mais aussi pour rappeler qu’elles avaient existé. C’est un peu ce que je veux accomplir avec le spectacle. Même si mon père et ma mère n’ont rien laissé de grand, leur vie a de la valeur. J’ai envie de les chanter, de les raconter, de les célébrer! J’ai puisé dans mes souvenirs, dans ce que j’ai reçu de mes parents, afin de redonner toute la richesse qu’ils m’ont léguée."

Première création des Productions Octobre 55, Normand, ô mon amour! constitue aussi le premier volet d’une trilogie sur le thème du patrimoine familial. Accompagné sur scène de deux choristes (Ann-Martine Gagnon et Isabelle Anne Messier), d’une violoniste (Catherine Lemay) et d’une pianiste (Sylvie Boudreau), l’acteur est dirigé par André Morissette. Confiant et authentique, le créateur explique ainsi la portée de son solo: "Le spectacle s’adresse à tout le monde, c’est-à-dire à tous ceux qui ont des parents, qui en avaient ou qui s’apprêtent à les perdre. Nous avons tous une histoire, qu’on veuille ou non la reconnaître."

Du 4 au 22 janvier
À la Salle Fred-Barry

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