Des hommes en habit : Hollywood Nord
Des hommes en habit, une pièce qui n’est pas à la hauteur de ses comédiens.
Deux petites histoires qui s’entrecoupent forment cette pièce, Des hommes en habit, de l’Américain Jason Milligan. La première, apparemment banale pour le crime organisé, tourne autour de deux pions du monde interlope qui ont, comme ils disent dans le milieu, "passé" le mauvais gars. Ces deux idiots, qui ne sont absolument pas crédibles (même pour ce genre de comédie) et qui sont joués par les comédiens Michel Charrette et Michel Laperrière, doivent venir annoncer la mauvaise nouvelle à leur patron, Frankie (Gilles Renaud), une sorte de parrain qui, bien qu’à la retraite, continue d’en imposer. On assiste donc aux réflexions et questionnements des deux caïds qui poursuivent leur route, de New York au Vermont, en s’inquiétant de l’accueil du patron. Pendant ce temps, Frankie se démène avec l’autre histoire, celle, absurde et rigolote, où un comédien de soap américain s’infiltre en sa demeure en tentant de se faire passer pour un bandit, ami d’un ami (croit-il) de Frankie. Le but est d’étudier le chef dans son habitat naturel avant de l’incarner au grand écran. Malheureusement pour Tony, le comédien joué par David Savard, la colorée femme de Frankie, interprétée par une méconnaissable Marie Michaud, le reconnaît assez rapidement.
Gilles Renaud et David Savard sont les deux forces de cette production. Il y a bien quelques éléments intéressants sur le plan de la mise en scène de Denis Bernard, éléments qui sont d’ailleurs accentués par les accessoires et le décor kitsch et à propos de Jean Bard. Mentionnons aussi les costumes de Mérédith Caron, qui soulignent à la perfection la personnalité des personnages, spécialement celui de l’étrange et absurde musicien et serviteur, Peppino, interprété par Ludovic Bonnier. Quelques belles trouvailles aussi, comme ce chien de poche qui saute dans les bras de Frankie, mafioso affublé de pyjamas luxueux et toujours suivi de sa bonbonne (il souffre d’emphysème). Mais l’ensemble de la comédie manque résolument de tonus. C’est une pièce façon Hollywood, sans les avantages qui viennent habituellement avec la sauce (avantages d’ailleurs discutables). Dommage que des Renaud, Savard, Bernard et Michel Dumont (à la traduction et à l’adaptation) éparpillent leurs énergies pour un texte si banal.
Jusqu’au 5 février
Au Théâtre Jean-Duceppe
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