Normand, ô mon amour! : Album photo
Scène

Normand, ô mon amour! : Album photo

Normand, ô mon amour!: un hommage plutôt hermétique.

À une époque qui accorde une importance démesurée au quotidien des gens devenus riches et célèbres de manière plus ou moins instantanée, le comédien-chanteur Normand Carrière a souhaité renverser la vapeur. À 49 ans, il dédie un spectacle entier à l’existence de ses parents, un hommage à des individus on ne peut plus ordinaires. Si les intentions de l’artiste étaient louables et même rafraîchissantes, le résultat s’avère malheureusement très peu convaincant.

Dès les premières minutes de Normand, ô mon amour!, on ressent l’étrange impression d’assister à un concert intimiste, autrement dit d’avoir été trompé sur la nature de la production. C’est que la théâtralité de l’entreprise tient à bien peu de chose. Le comédien démontre certes beaucoup d’aisance à incarner les différents personnages de son histoire, mais son récit ne quitte guère le registre lassant de l’anecdote. Dévoilant graduellement tout un portrait de famille, le créateur et ses deux comédiennes-chanteuses (Ann-Martine Gagnon et Isabelle Anne Messier) ne s’élèvent qu’en de rares et brefs instants au-dessus de ce que l’on pourrait appeler le degré zéro de l’autobiographie. Parfois, les bons sentiments pullulent à un point tel que l’on finit par se sentir de trop, par ressentir que ces confessions s’adressent à un public d’initiés auquel nous n’appartenons manifestement pas – il faut d’ailleurs préciser que les spectateurs présents le soir de la première (il y a fort à parier qu’il s’agissait des proches du créateur) semblaient passer un très agréable moment. Malgré tout, le metteur en scène André Morissette introduit quelques clins d’œil efficaces, principalement en ce qui concerne l’utilisation des costumes et des accessoires.

Bien que les airs choisis composent la bande sonore d’une vie, bien que ces chansons constituent le reflet de la société québécoise d’une certaine époque, de sa culture populaire, l’ensemble présente bien peu d’intérêt d’un point de vue musical. La belle voix de crooner que possède Carrière et le savoir-faire des quatre musiciennes qui l’accompagnent auraient mérité un répertoire plus substantiel. On se prend même à les espérer en concert délivré de toute prétention théâtrale, donnant libre cours à la musique.

Jusqu’au 22 janvier
À la Salle Fred-Barry

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