René Richard Cyr : Ça trompe énormément
Scène

René Richard Cyr : Ça trompe énormément

René Richard Cyr crée La Chanson de l’éléphant, la première pièce de Nicolas Billon.

Dans la tourmente entourant la diffusion du premier épisode de la polémique télé-série Cover Girl sur les ondes de la télévision d’État, René Richard Cyr prend une pause. Réfugié dans le foyer du Théâtre d’Aujourd’hui, une institution qu’il a dirigée durant six ans, il explique son coup de cœur pour La Chanson de l’éléphant, la première pièce de Nicolas Billon qu’il s’apprête à créer: "C’est une écriture très classique qui fait penser à Hitchcock. On y multiplie les fausses pistes, le personnage principal ne cesse de nous tromper. Il y a là une singularité, un genre peu abordé par les jeunes auteurs, un style de théâtre très difficile à écrire, dont la construction doit être impeccable. En plus, c’est un genre que j’adore, parce que j’aime avoir peur et me faire mener en bateau. Quand j’ai lu la pièce pour la première fois, j’étais très anxieux de connaître le dénouement. La résolution est très surprenante, on ne peut pas la voir venir, elle enrichit tout le déroulement."

D’abord écrite en anglais, The Elephant Song est présentée au Festival de Stratford à l’été 2004. Ontarien d’origine et Montréalais d’adoption, Nicolas Billon a lui-même traduit son texte en français. Rédacteur et traducteur pigiste, le jeune homme a également quelques mises en scène à son actif. René Richard Cyr, qui a choisi de conserver la saveur anglo-saxonne de la pièce, en résume ainsi l’intrigue: "C’est un thriller psychologique et romantique, un huis clos qui se déroule à l’asile de Brockville, une petite municipalité ontarienne. La pièce commence alors que le Dr Lawrence a mystérieusement disparu. Une seule personne peut savoir ce qui lui est arrivé et c’est Michael, un jeune patient dont on ne connaît pas exactement les raisons de l’internement. Sa folie serait-elle meurtrière? Le directeur de cette institution, dans laquelle des agressions sexuelles ont déjà eu lieu, lui fait alors subir un interrogatoire. À ce duo s’ajoute une infirmière. Il y a aussi, comme c’est souvent le cas lorsqu’on met en scène un psychiatre et son patient (Equus de Peter Shaffer, Le Silence des agneaux de Thomas Harris), la mise en évidence d’une faiblesse chez le thérapeute, comme si le patient voyait clair dans la psychologie du spécialiste, comme si les rapports s’inversaient. C’est une pièce très bien ficelée, très agréable à travailler dans les petites nuances."

Pour incarner Michael Aleen, un jeune homme de 23 ans à la sexualité trouble, le metteur en scène a choisi Vincent-Guillaume Otis, un acteur sorti en 2003 de l’École nationale. "Vincent-Guillaume dégage quelque chose de sympathique et d’énigmatique qui colle tout à fait au personnage." Pour camper le Dr Erwin Greenberg, le psychiatre qui dirige l’hôpital, Cyr souhaitait à tout prix éviter le cliché du directeur âgé. "Je voulais que cet homme en perte de contrôle sur sa vie professionnelle et personnelle soit dans la force de l’âge, explique-t-il. Je l’ai proposé à Jean-François Pichette pour faire un test, en lui disant que ce n’était pas un rôle pour lui. Finalement, après une séance de travail, j’ai réalisé que mon instinct était juste. Le duo fonctionne très bien." Pour assurer le rôle de l’infirmière obèse, celle que le personnage de Michael ne cesse de traiter d’éléphant, le metteur en scène a engagé Jasmine Dubé. La Chanson de l’éléphant marque en quelque sorte les adieux de René Richard Cyr au Théâtre d’Aujourd’hui. "Je n’ai pris aucun engagement au théâtre pour la saison prochaine, confesse-t-il. J’ai beaucoup travaillé au cours des 20 dernières années, je vais prendre un peu de recul maintenant." Voilà une raison additionnelle de ne pas rater ce rendez-vous.

Du 18 janvier au 12 février
Au Théâtre d’Aujourd’hui

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