Julio et Romette : Valse-hésitation
Scène

Julio et Romette : Valse-hésitation

Julio et Romette forment un couple étrangement contemporain. L’amour romantique est-il encore possible, se demande avec humour la chorégraphe Karine Ledoyen?

"On est une génération qui zappe assez rapidement", constate Karine Ledoyen. Tout en ayant de la difficulté à abandonner son idéal de l’amour romantique, la jeune femme doit bien se rendre à l’évidence que les concessions nécessaires à la pérennité d’un couple se heurtent au désir d’accomplissement de chacun.

Arielle Warnke St-Pierre et Stéphane Deligny incarnent un jeune couple comme tant d’autres. Bien mignon de prime abord, ce couple sera pourtant en proie aux luttes de pouvoir, à la remise en question des rôles homme-femme et à l’incompréhension mutuelle. Ils évoluent au milieu des boîtes de carton. Viennent-ils d’emménager ou plient-ils bagage? Chose certaine, toutes ces boîtes sont remplies de souvenirs et d’objets personnels, que chacun peut aimer ou détester.

"Il y a des parties où c’est caricatural, drôle, ludique, mais à un moment donné, ce n’est plus drôle et on rit jaune, déclare la chorégraphe. Et on ne le sent pas venir du tout." Avec le mouvement aussi, elle s’est amusée à passer d’un état à l’autre sans transition: immobiles un instant, les danseurs passent à la vitesse grand V en quelques secondes. "C’est un show très physique, dit-elle. Pour le public, c’est le fun à voir, mais pour eux, c’est difficile à faire."

Depuis ses débuts comme chorégraphe indépendante en l’an 2000, Karine Ledoyen a réussi à faire sa petite place au soleil. Pourtant, il s’en est fallu de peu pour qu’elle laisse tout tomber récemment. Heureusement, sa dernière demande de subvention au Conseil des arts et des lettres du Canada a été acceptée, ce qui lui a redonné confiance. "Quand j’ai fait cette demande-là, je me suis dit: "Ça, c’est la dernière demande que je fais." Parce que j’en ai fait huit à peu près et que je n’ai jamais rien eu."

Contrairement à ce qui s’était passé pour Laque et pour Plexi chérie, elle a donc pu, cette fois-ci, réunir une équipe complète (et rémunérée!) et s’offrir le luxe de ne pas danser elle-même dans la pièce. "Ça me permet de me concentrer sur le mouvement, dit-elle. J’ai le temps de peaufiner, de m’occuper des détails de la musique, des costumes, des éclairages… Et puis, quand on ne paye pas les gens, on ne peut pas leur demander autant. On est mal à l’aise de dire: "Ça, ce n’est pas correct, je veux ça comme ça, recommence." Là, je peux être plus insistante pour obtenir ce que je veux vraiment aller chercher. Pour la première fois, je sens que je suis allée au bout de quelque chose."

Avec un thème universel comme l’amour, une histoire claire, une musique résolument pop (composée par Mathieu Doyon) et une scénographie familière, Julio et Romette a tout ce qu’il faut, selon elle, pour une initiation en douceur à la danse contemporaine. "Tout le monde peut se reconnaître là-dedans", affirme Karine Ledoyen, qui se fait d’ailleurs toujours un devoir de créer des œuvres accessibles à un public très large.

Du 26 au 28 janvier à 20 h, et le 29 à 14 h et 20 h
Au Studio d’essai de Méduse

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