Marcel Pomerlo : En eaux profondes
Marcel Pomerlo, originaire de Québec, comédien et membre de Momentum, vit et travaille à Montréal. Après La Fête des morts en mai dernier, le voici de retour avec son premier solo: L’Inoublié ou Marcel Pomme-dans-l’eau: un récit-fleuve.
À l’origine du spectacle, un accident mortel dont Marcel Pomerlo est témoin. L’événement tragique provoque en lui de fortes impressions, et fait écho au souvenir, toujours vivant, de l’accident ayant emporté, 22 ans plus tôt, Maurice, son frère aîné.
"Ce spectacle, je le définis comme une expérience théâtrale et humaine, puisque c’est parti d’un événement authentique qui a provoqué chez moi le besoin d’écrire, sans jamais penser à ce que ça deviendrait. C’était des fragments, des sensations, des impressions liées à l’accident et en même temps, des images, des réflexions sur moi, sur ma vie et sur des moments où j’ai été en lien avec la mort." Il fait lire ce premier texte, Possibilité d’averses, à quelques proches, dont les complices de Momentum. La réaction est unanime: il faut en faire un spectacle.
Le "récit-fleuve" du comédien présente le trajet d’un personnage, MP. "C’est le parcours du narrateur adulte qui revient dans l’enfance, marquée par la mort de son frère, mais pleine aussi d’autres souvenirs, à Québec, dans les années 60 et 70; ça ouvre finalement sur quelque chose d’assez lumineux. La traversée, le grand trajet du récitant fait que chacun peut s’immiscer dans l’histoire. Il y a du tragique, mais aussi du comique, un élément un peu absurde, inspiré par l’époque dans laquelle vivait cet enfant-là, par Sol et Gobelet, par les mythes télévisuels qui le fascinaient. La thématique, c’est le deuil, la mort, la perte, mais dans un univers rouge et orangé, très éclaté. C’est assez fou, assez délirant par moments. C’est une des réalités du deuil: au moment où toi, tu es confronté très directement à la mort, tu as l’impression que le temps s’arrête. Mais en même temps, et heureusement, la vie continue. Et dans le tourbillon de son enfance, il y a tout ça pour le personnage: on est devant un personnage endeuillé, mais qui a une très forte volonté de vivre."
Si le spectacle de Marcel Pomerlo puise largement à sa vie personnelle, il n’en reste pas moins qu’il touche profondément les gens, comme il l’a constaté lors de la création du spectacle, en 2002, et à chacune des reprises. "Le fait que ce soit une autofiction teinte la perception du spectateur. C’est comme si ça ouvrait une porte, permettant à chacun d’aller directement dans sa vie: c’est très curieux. Chaque fois que je l’ai joué, des gens sont venus me raconter des choses extrêmement personnelles; c’est étonnant, mais merveilleux. En plus, même si, dès l’entrée, on ne doute pas qu’il y a un personnage, je m’adresse directement aux gens. C’est un élément très vivant, parce que c’est le cœur du théâtre. Je crois que ça contribue à faire que les spectateurs sont directement touchés. On est devant un objet théâtral qui nous interpelle dans notre intimité, notre lien à la mort, à l’eau, à la mémoire aussi, et au souvenir. Fondamentalement, ce spectacle est sur le deuil, mais aussi sur ce qui s’inscrit dans l’être humain, qui fait qu’on est soi, et qui ne peut être oublié."
Du 18 au 29 janvier à 20 h
Au Théâtre Périscope
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