Persée : Les dieux sont tombés sur la tête
Scène

Persée : Les dieux sont tombés sur la tête

Avec plus de 300 représentations d’Ubu sur la table derrière la cravate, le Théâtre de la pire espèce s’attaque maintenant au mythe de Persée.

"Les yeux continuent à pouvoir pétrifier même si la tête est coupée, alors Persée se sert de cette tête. Il est parti de chez lui parce que Polydectès, en amour avec sa mère, l’avait éloigné avec cette idée de décapiter Méduse. De retour chez lui, il pétrifie Polydectès et d’autres…" Francis Monty me raconte le mythe de Persée avec passion, comme s’il s’agissait de sa propre famille. Avec lui, on entre dans ce pan de la mythologie grecque où Persée, fruit des amours de Zeus et de Danaé, fut placé par son grand-père dans un coffre avec sa mère et abandonné sur la mer. Les deux s’échouèrent sur l’île de Sériphos, où régnait Polydectès, et c’est là qu’il tenta de séduire Danaé. "Le départ pour aller prendre la tête de Méduse est en quelque sorte sa manière de devenir adulte."

Méduse, c’est cette Gorgone au regard qui pétrifie et aux cheveux de serpents, aux mains de bronze et aux ailes d’or. Seule Gorgone mortelle, on raconte que Méduse était si belle que Poséidon n’a pu s’empêcher de la violer dans un sanctuaire consacré à Athéna, qui sombra dans la jalousie. "Persée se fait aider par Athéna, Hermès et les nymphes. Sur la route, il rencontre les vieilles filles qui n’ont qu’un œil et une dent à elles trois, à qui il demande le chemin moyennant un échange, et là, il vole l’œil et il demande le trajet pour se rendre jusqu’à Méduse; en route, il rencontre les nymphes qui lui donnent un sac pour qu’il puisse y déposer la tête. On lui avait remis une épée pour qu’il coupe la tête, et un bouclier pour qu’il puisse éviter le regard de Méduse. Après ces différentes étapes, il devient un héros et ensuite un tyran. En fait, il est en amour avec Méduse, qui est une super belle femme même si elle a des cheveux comme ça et que c’est un monstre. Il garde toujours la tête avec lui, et s’il ne peut la regarder, il peut la toucher. C’est un amour impossible. C’est un roi despote, hyper-puissant, mais seul avec cette tête. Cette idée me plaisait…"

Vous en perdez votre grec? Ne vous en faites pas car cette fable "archéo-mythologique", qui est à la fois drôle et poétique, raconte deux histoires en parallèle: celle des archéologues et le mythe illustré par leur manipulation d’objets. "Il s’agit de trois archéologues british qui font des fouilles (dans les années 30 ou 40) et découvrent des masques faits d’une pierre inconnue. Il y aurait des molécules de chair vivante dans cette pierre. Ils sont fascinés et en poussant leurs recherches, ils vont se lancer sur le chemin de Persée car ces masques sont probablement une preuve de l’existence de Méduse, il s’agirait des visages pétrifiés!" Ils veulent maintenant prouver au reste du monde l’existence de Méduse et de Persée.

La troupe du Théâtre de la pire espèce se sent maintenant prête à s’attaquer à ce vieux rêve ambitieux qu’est Persée, car après avoir monté plus de 300 fois Ubu sur la table, sa technique s’est raffinée et ses capacités artistiques ont grandement évolué. "Il s’agit vraiment de théâtre, mais avec une spécialité qui est la manipulation d’objets. Tout, dans ce spectacle, possède la même importance, que ce soit le jeu, le texte ou la manipulation. Le tout est à la fois drôle, poétique et un mélange d’influences." C’est un travail en mosaïque qui allie théâtre, manipulation et peut-être encore, qui sait, un brin d’improvisation. "Peut-être nous servirons-nous du public à certains moments, ça reste à voir…"

Jusqu’au 5 février
À la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui

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