La Chanson de l’éléphant : Étude clinique
La Chanson de l’éléphant, première pièce de Nicolas Billon, nous ouvre les portes d’un asile où se trame une enquête à plusieurs inconnues.
Un médecin, moins psychiatre que directeur général d’un hôpital, une infirmière marâtre et un jeune patient de l’asile fascinant mais épuisant se retrouvent dans un vaste bureau glacial. C’est celui d’un médecin qui manque à l’appel, qu’on pourrait déclarer officiellement disparu dans 48 heures. Nous sommes dans un asile d’une petite ville ontarienne, dehors souffle fort le vent et c’est la veille de Noël. Tout le monde est sur la corde raide, tant inquiet qu’exaspéré.
LE PATIENT ET L’IMPATIENT
Désireux de rentrer chez lui rapidement mais soucieux de faire la lumière sur ce mystère, le docteur Greenberg (Jean-François Pichette) questionne Michael (Vincent-Guillaume Otis), le dernier patient à avoir vu le psychiatre. Greenberg est impatient, il ne lit pas le dossier du patient, n’enlève pas son manteau ni son écharpe, garde son téléphone portable à portée de la main, et regarde à peine l’infirmière Peterson (Jasmine Dubé) à qui il donne des ordres. Au départ, s’il veut sincèrement trouver le psychiatre, il souhaite surtout que l’ordre soit rétabli au sein de son hôpital. Il ne veut ni scandale, ni événement fâcheux, aussi isolé soit-il.
L’ADMINISTRATEUR DEVIENT PSYCHANALYSTE
Peu à peu, la petite enquête préliminaire prend des allures de thriller psychologique. Le patient est brillant, attachant parfois, et c’est un conteur. Il sait donner suffisamment de cartes sans perdre l’atout. Alors il les mène en bateau. Là commence la véritable partie, et le plaisir du spectateur, sur le point de s’estomper devant une discussion stagnante, augmente d’un cran. Certaines pièces du puzzle se placent; une intrigue policière, mais surtout des enjeux humains, se dessinent. Le psychiatre reprend goût à l’analyse et cherche, de plus en plus, à comprendre le patient autant qu’à trouver où se trouve le disparu.
DU THRILLER AU DRAME
C’est en fouillant la mémoire du patient et en déterrant de vieilles blessures que se découvrent la complexité et la profondeur du patient, ce qui provoque également un effet, sinon miroir, du moins réfléchissant chez le docteur Greenberg. C’est là qu’est la matière, la force de Nicolas Billon. Du coup, on oublie les quelques longueurs et on attend avec curiosité la prochaine pièce de ce nouvel auteur.
Jusqu’au 12 février
Au Théâtre d’Aujourd’hui
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