2191 nuits : La vie après la mort
Scène

2191 nuits : La vie après la mort

Philippe Ducros participe à 2191 nuits, la nouvelle création des Deux Mondes.

Jeune trentenaire, Philippe Ducros poursuit un parcours éclectique et pourtant d’une grande cohérence. Récipiendaire de la Prime à la création 2002 du Fonds Gratien Gélinas pour 2025, l’année du serpent, le dramaturge autodidacte a aujourd’hui plusieurs textes à son actif. De la traduction d’une pièce de Sarah Kane (En manque) à la mise en scène d’un théâtre documentaire (Montréal, la blanche), en passant par l’orchestration d’un gigantesque happening (Circo de Bakuza), tous les projets assumés par le jeune créateur semblent interroger l’avenir de la race humaine. Chacune des réalisations de ce globe-trotter à la conscience sociale aiguisée offre un fidèle état des lieux, un portrait sans distorsion des problématiques les plus graves. L’artiste est loin de rompre avec cette bonne habitude en collaborant à 2191 nuits, la plus récente création des Deux Mondes.

Fondée en 1973, la compagnie Les Deux Mondes a acquis un savoir-faire et une renommée internationale enviables. Depuis la grande réussite en 1996 du drame musical Leitmotiv, l’équipe se consacre exclusivement à l’intégration du multimédia au théâtre. Pour sa nouvelle réalisation, Daniel Meilleur, codirecteur artistique et metteur en scène attitré de la compagnie, souhaitait interroger les inquiétantes avancées de la science médicale. Une fois le travail enclenché, il a fait appel aux talents d’auteur et de conseiller dramaturgique de Philippe Ducros. "Il y avait déjà tout un univers visuel et musical d’installé quand je me suis greffé au projet, il y a deux ans et demi, raconte celui-ci. J’ai eu à écrire des situations à partir de scènes existantes, à construire une dramaturgie. Il y avait des pistes que j’ai empruntées, des amorces de personnages que j’ai fait évoluer. Cela dit, Les Deux Mondes ont une manière de travailler que j’aime beaucoup. Ils ne ferment pas le sens, ce qui permet d’échapper au manifeste."

En cours de travail, les questions de clonage et de biogénétique ont mené les créateurs vers des enjeux bien plus fondamentaux encore. "On a déjà beaucoup réfléchi autour du clonage, explique le dramaturge. Je voulais aller plus loin, aborder ce qui nous préoccupe et nous trouble réellement dans toutes ces nouvelles technologies. Le souci d’éternité, la peur de la mort, l’absence de rituels pour traverser le deuil, la mort du sacré… voilà les préoccupations qui sont au cœur du spectacle." Lors d’un accident aérien, un astrophysicien perd sa femme et son fils de six ans avant de sombrer dans un coma qui durera 2191 jours. Le spectacle révèle de quelle façon cet homme, que les scientifiques ont gardé en vie en employant une méthode plutôt radicale, affronte l’épreuve de la mort. "Aujourd’hui, les gens sont bouleversés devant la mort, entre autres parce qu’ils n’ont plus de réponses spirituelles, avance Ducros. Nous n’avons que des réponses scientifiques, des explications qui laissent un grand vide. Une réflexion sur la mort nous amènerait probablement à valoriser davantage la vie. À quoi ça sert de prolonger la vie si certains y mettent fin volontairement ou encore si on abandonne les gens dans des stationnements pour vieux?"

Outre la costumière Anne Sophie Archambault, les concepteurs sont de fidèles complices de la compagnie. Michel Robidoux signe la musique, Yves Dubé conçoit la vidéo et Guy Fortin réalise les accessoires. La distribution comprend Isabelle Lamontagne, Michel Mongeau et Martin Rouleau. Loin d’être frustré de voir, pour la première fois, l’une de ses pièces créée par un autre, Philippe Ducros se sent au contraire privilégié d’appartenir à la genèse de 2191 nuits: "Je suis fier de faire partie d’une telle équipe, de collaborer avec des gens qui ont autant de talent et d’expertise."

Du 9 au 19 février
À la Cinquième salle de la Place des Arts

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