Le Peintre des Madones : Le mystère de la passion
Scène

Le Peintre des Madones : Le mystère de la passion

Le Peintre des Madones, la plus récente pièce de Michel Marc Bouchard, est présentée ce vendredi et samedi à la Salle Odyssée. Le metteur en scène Serge Denoncourt nous en  parle.

"Dans cette pièce, il n’y a pas de personnage principal", nous dit d’emblée Serge Denoncourt. "C’est avant tout l’histoire d’un village dans le Québec du début du 20e siècle. Il y a une femme qui veut faire l’amour avant de mourir de la grippe, une qui lit dans les draps, donc dans la sexualité des autres. Ces femmes entreront un jour en contact avec un étranger, un artiste italien qui va complètement bouleverser leur vie. Mais c’est aussi le point de vue de la science, de l’art et de la religion par rapport à l’absolu, les personnages masculins de la pièce, le peintre, le médecin et le prêtre, étant tous les trois dans une quête d’absolu qui leur est propre."

Alors que la guerre laisse derrière elle un village majoritairement composé de femmes et de vieillards, un prêtre décide de sauver les âmes en demandant à un peintre italien de créer une fresque de la Madone. "C’est une pièce qui ratisse large mais qui parle surtout de l’extase mystique, qui me semble très proche de la sexualité", poursuit Denoncourt, qui s’est d’ailleurs inspiré des toiles du Caravage, où se côtoient le sacré et le profane. "Je trouve extrêmement intéressants les liens entre ce trouble que nous éprouvons tous à vouloir nous élever et ce trouble qui provient de nos pulsions bassement sexuelles. Les personnages sont aux prises avec ce paradoxe et l’artiste italien en sera le catalyseur."

LES LOIS DU SILENCE

Désireux de ne pas reproduire mais plutôt d’inventer un univers, Denoncourt a créé ce qu’il appelle un Québec de légende. "Il s’agit davantage d’une fable. Je voulais insister sur le fait que pour moi, le Québec de 1918 ressemble au Moyen-Âge. Ce n’est pas la Chasse-Galerie, mais presque. C’est sombre, et plein de non-dit." La scénographie, qui privilégie des zones d’ombre, rappelle à la fois la structure d’une cathédrale et l’intérieur d’une grange. "Je tente de créer un univers trouble. Une lumière, une sexualité et une spiritualité troubles. Tout le spectacle est en confrontation, tant dans la trame sonore, où le sacré s’amalgame au profane, que dans la gestuelle."

Denoncourt ne cache pas que cette pièce le touche peut-être d’une façon plus profonde que les précédentes de l’auteur. "Pour moi, c’est l’une des plus belles histoires de Michel Marc Bouchard. J’y retrouve mon questionnement, qu’est-ce qui fait qu’on est un être spirituel ou non, qu’est-ce qui fait qu’on porte une lumière intérieure ou non… Je me retrouve chez moi avec cette pièce. Mais le metteur en scène n’est en fait qu’un conteur d’histoires. La question, c’est: comment, moi, vais-je raconter celle-ci?"

Les 4 et 5 février
À la salle Odyssée de la Maison de la culture

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