Persée : Le bon, la brute et la Gorgone
Le Théâtre de la pire espèce fait encore preuve d’inventivité en illustrant le mythe de Persée.
Je le confesse, je fais partie des malchanceux qui ont réussi à rater Ubu sur la table malgré ses 300 représentations ici, en Europe ou à l’île de la Réunion. Si je suis convaincu d’avoir raté quelque chose, c’est que je suis tombé sous le charme de Persée, la dernière production du Théâtre de la pire espèce. Persée est né après une très longue gestation, les créateurs racontent en avoir eu l’idée avant même la création d’Ubu. Ils auraient mis le projet de côté car il s’avérait trop ambitieux pour eux à ce stade de leur carrière. Difficile pour le spectateur d’imaginer les difficultés de création d’un tel spectacle tant tout semble se dérouler de manière festive et naturelle.
Deux histoires portent la pièce: celle de trois archéologues britanniques un peu timbrés (ils ressemblent à des personnages de BD!) et celle du mythe de Persée, illustré par ces derniers qui se transforment en conférenciers et en manipulateurs d’objets (des marionnettistes qui ont troqué la marionnette contre le vase, le gant ou l’entonnoir). Sous les projecteurs de la scène, aidés par les créateurs et comédiens du spectacle (Olivier Ducas, Mathieu Gosselin et Francis Monty), les objets choisis révèlent de fortes personnalités. Le jeune Persée, d’ailleurs, est touchant et émouvant bien qu’il ne soit composé que d’un vieux gant et d’un vase.
Il règne une ambiance chaleureuse et sympathique, et le mythe y est très bien illustré, malgré quelques confusions vers la fin (un peu abrupte d’ailleurs). C’est beau, rafraîchissant, et intelligent.
Jusqu’au 5 février
À la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui
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