Social studies : Zone de libre-échange
Scène

Social studies : Zone de libre-échange

Le projet Social studies a engendré de fécondes rencontres.

C’est le mercredi 26 janvier, au Studio de l’Agora, qu’avait lieu la première de Social studies. Un projet de jumelages entre chorégraphes de l’Est et interprètes de l’Ouest du Canada, créé par Danse-Cité. Au programme: un solo de Dominique Porte, composé pour Susan Elliott; un solo de Paul-André Fortier, taillé sur mesure pour John Ottmann; un autre solo, cette fois-ci de David Pressault à l’attention de Ziyian Kwan; et finalement un trio dirigé par Benoît Lachambre pour les trois Vancouvérois.

From Zero de Dominique Porte ouvrait la soirée, présentant une Susan Elliott techniquement juste et précise. On peut reconnaître à la chorégraphe cette faculté d’écrire un texte toujours très loquace et serré. Une qualité qui a pour effet de rendre les séquences de mouvement – même si elles sont spatiales et abstraites – très "parlantes". De plus, la chair qui nous est dévoilée progressivement dans un effeuillage qu’on voit à peine venir, tant il est bien étiré dans le temps et dans l’espace, nous place subitement devant l’évidence que la nudité possède une force et une fragilité que le corps vêtu ne connaît pas…

Chute libre de Paul-André Fortier, juste après, a démarré sous un éclairage composé de multiples rectangles étalés au sol et sur une musique électro répétitive, comme pour nous annoncer les accumulations gestuelles qui allaient suivre: des bras balancés (typiques du langage de Fortier), des tours, des courses et des sauts… toujours ponctués par une pose quasi monolithique, déposée à la fin de chaque séquence comme un point d’exclamation lourd de sens. Ce jeu de contraste, maintenu par l’énergie et l’investissement impressionnants de John Ottmann, a su nous livrer la texture singulière du chorégraphe. Encore une fois, un travail formel orienté par la spatialité, mais qui sait rester touchant. Un dosage parfait. Bravo!

On ne peut malheureusement pas en dire autant d’In Vein de David Pressault. Cette idée de "corps prothésé", conséquence des nouvelles technologies, ne date pas d’hier, même si les enjeux nous semblent toujours aussi actuels. Si la tentative est noble de la part du chorégraphe, le jeu, sans développement substantiel, s’essouffle donc dès les premières images et l’on reste avec cette impression que la salle est beaucoup trop grande pour cette petite installation vivante qui aurait eu avantage à demeurer dans ce modeste lieu d’exposition adjacent au Studio, d’où elle est partie avant le spectacle.

Finalement, Full Body Empty Space de Benoît Lachambre. On ne peut que rester ébahi devant cette proposition poétique totalement disjonctée que le chorégraphe nous sert avec peu de gestes, peu de mots, qui toutefois en disent long. Tout semble résider dans ce jeu de déséquilibre, de déplacement du centre de masse corporelle, que John Ottmann (surprenant) et Susan Elliott (attachante et crédible) ont très bien compris, assumé et appliqué à l’univers de Lachambre, dont le fil conducteur est essentiellement symbolique.

Jusqu’au 5 février
Au Studio de l’Agora

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