Des fraises en janvier : Shortcake aux fraises
Avec Des fraises en janvier, le Théâtre du Trillium a concocté un gâteau fruité bien goûteux et rafraîchissant dans la grisaille de… février! Une pièce aussi pétillante que les bulles de champagne aux fraises, aussi savoureuse que ce fruit rouge dégusté sous le soleil d’été.
Créée pour la première fois par les Productions À tour de rôle au Théâtre de la Moluque de Carleton, la délicieuse pièce Des fraises en janvier de la jeune dramaturge Évelyne de la Chenelière remportait déjà en 2000 deux Masques, dont, ex æquo avec l’auteur Suzanne Lebeau, celui du meilleur texte original. Reprise ensuite au Théâtre d’Aujourd’hui et chez Duceppe, la pièce aura été le canon de la saison 2002-2003 sur la scène théâtrale de Montréal. La directrice du Théâtre du Trillium, Sylvie Dufour, récemment honorée du Masque de la meilleure production franco-canadienne pour Jean et Béatrice (2003), a découvert la pièce par l’entremise de son ami, le scénographe Jean Bard. "Il m’a dit qu’il travaillait sur un texte magnifique et que c’était tout à fait mon style. Il me l’a expédié et effectivement, j’ai beaucoup ri, c’est un genre que j’aime énormément: éclaté dans le ton, pas linéaire, et en plus, ça parlait d’amour et j’avais le goût de m’attaquer à ce sujet!" m’explique une Sylvie Dufour enthousiaste, attablée dans le "café" ensoleillé de la Nouvelle Scène auprès des comédiens Nathalie Nadon et Vincent Poirier. La pièce est en fait une comédie romantique aux dialogues en chassé-croisé, où quatre congénères tentent de faire leur chemin vers l’amour. Le récit s’entremêle avec le scénario de film que rédige François (Vincent Poirier), qui est amoureux de sa colocataire et amie de longue date Sophie (Nathalie Nadon), qui, elle, s’éprend de Robert (Yves Turbide), alors que Léa (Mylène Ménard), propriétaire d’une auberge en campagne, est à la recherche désespérée de son amie d’enfance Sophie. "C’est une belle quête qu’ont les personnages, et ils l’abordent de plein fouet, naïvement. Peu importent les conséquences, ils veulent être au rendez-vous de l’amour et passeront tous par des chemins différents pour y arriver."
Ainsi, la pièce est un hommage à l’amour, à la candeur des amoureux, dans un univers où fiction et réalité s’entremêlent. "On fait face à un jeune auteur qui, quelque part, reconstruit un peu la réalité à sa façon… Il est à la fois personnage, narrateur et protagoniste. Je trouvais que c’était intéressant pour la mise en scène, mais aussi pour le défi que ça crée pour le jeu, qui doit à la fois rendre l’émotion et amener la distanciation", note la metteure en scène.
Alors que l’auteure Évelyne de la Chenelière faisait des clins d’œil au théâtre dans sa plus récente pièce, Henri & Margaux, elle prend ici appui sur le cinéma, ponctuant son texte de nombreuses références. "On n’est pas entrés du tout dans le réalisme; sur le plan scénique, c’est très éclaté. Le texte nous obligeait parfois à briser les conventions. Il a vraiment fallu que la scénographie vienne soutenir le texte." Sylvie Dufour a fait appel à l’excellent auteur-compositeur Marcel Aymar pour habiller l’environnement sonore de la pièce: "Comme le texte évoquait beaucoup le cinéma – les tourtereaux faisant beaucoup référence à de vieux films français – on s’en est inspiré."
DE L’AMOUR HORS SAISON
Pour constituer son quatuor, Sylvie a fait appel à des comédiens relativement connus de la région, dont Vincent Poirier et Nathalie Nadon, qui travaillent au Trillium pour la première fois. "Je devais construire des duos pour les deux couples de la pièce, alors je recherchais la complicité." Nathalie, qui avait déjà croisé Vincent lors d’une autre audition, propose sa candidature à Sylvie, le connaissant à peine. "Nous avons tout de suite été complices. En suggérant son nom à Sylvie, j’ai presque choisi mon partenaire de scène!" ricane-t-elle. Et Vincent de répondre, amusé: "J’ai quand même fait une bonne audition!" Nul doute, la complicité règne au sein de ce duo que l’on retrouvera sur les ondes de TFO dans la série C’est d’mes affaires dès l’automne. "Ils se font rire, moi, je trouve ça magnifique!" éclate Sylvie Dufour en racontant les nombreux fous rire lors des séances de répétition où les deux comédiens travaillaient à peaufiner leurs personnages.
Quoi qu’il en soit, la pièce est comme un panier de fraises dans le champ de neige de l’hiver et va comme un gant à cette équipe dynamique. "Évelyne de la Chenelière est une auteure à surveiller, elle a cette répartie très fraîche, et parce qu’elle endosse à l’occasion elle aussi les personnages, ça amène une belle richesse. Les personnages sont savoureux, vraiment très attachants, bien campés, bien définis. On le voit, dans le propos, c’est un regard féminin, puis j’aime ça!" souligne Sylvie Dufour. Aussi à la table, les comédiens ne tarissent pas d’éloges envers le texte bien ficelé d’Évelyne de la Chenelière: "C’est quelqu’un qui va droit au but, elle a cette spontanéité, cette fraîcheur, et quand les personnages "pètent une coche", ça ne dure qu’une minute et c’est fini, on passe à autre chose!" remarque Nathalie Nadon. "J’ai été sincèrement touché par la pièce. Elle m’a attiré dès que je l’ai lu, d’abord pour le contenu mais aussi pour le concept, pour sa construction", conclut Vincent.
Du 15 au 26 février à 20 h
À la Nouvelle Scène
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