Hélène Florent : Chimène me suive
Le principal souhait d’Hélène Florent? Ne jamais rester cantonnée dans un type de rôle, explorer des univers aussi différents que possible.
LES DÉBUTS
Toute jeune, devant la caméra vidéo de son père, Hélène Florent présente, avec sa sœur, des "spectacles". "Nous, si on se faisait filmer, il fallait avoir un spectacle; on préparait des sketchs, des chansons et, une fois prêtes, on les présentait devant la caméra, raconte-t-elle. Le premier qu’on a fait, c’est un téléjournal. On a inventé des nouvelles qu’on lisait ensuite, on présentait des petites annonces, en donnant des numéros de téléphone, et on faisait la danse des canards pour finir. J’imagine que mon goût du théâtre vient de là. C’est la même chose pour ma sœur qui, elle aussi, est comédienne."
Ce goût se développera au rythme de pièces jouées au secondaire puis à l’époque du cégep avec les amis, bientôt organisés en troupe de théâtre. Le saut vers l’école de théâtre semble ensuite évident. Pourtant, elle fait ses études en deux temps, les interrompant pour s’assurer qu’elle désire véritablement devenir comédienne. Lorsqu’en regardant les autres jouer elle se dit "C’est là que je veux être", la réponse est claire. Elle entre au Conservatoire d’art dramatique de Québec, où elle termine son cours en 2000.
Depuis, la comédienne fait alterner différents types de contrats: théâtre, télé, cinéma et publicité lui permettent de vivre de son art, même si elle subit, comme tous ses collègues, les incertitudes du métier. "L’inquiétude est présente. On sait que ça existe, et que ce sera toujours là: même si on a des contrats, c’est toujours à refaire. Faut vraiment aimer notre métier pour pouvoir gérer ça; faut aussi être autonome, et ne pas être à court d’idées. On s’encourage entre nous, et je pense qu’il faut voir ça une année à la fois. Et chaque rôle apporte un tel plaisir! Il y a comme une frénésie, à chaque nouveau projet."
CHIMÈNE
En tournée cet hiver avec le rôle de Chimène dans Le Cid, sous la direction de Gervais Gaudreault, Hélène Florent aborde ce qu’on pourrait considérer, et ce qu’elle considère, comme une étape.
"Dans ma petite carrière de quatre ans, je trouve que les rôles se sont très bien placés pour moi. De l’un à l’autre, c’est comme s’il y avait une progression. Avec Le Cid, c’est comme une autre étape: je suis rendue là. Quand j’ai su que j’avais le rôle, j’ai hurlé. J’étais contente, mais en même temps c’est extrêmement énervant de jouer un de ces fameux rôles mythiques. Pour Aux portes du royaume l’an dernier, j’étais aussi stressée, mais je me disais que, personne ne connaissant la pièce, le public ne s’attendait à rien. Mais avec Le Cid, tu ne fais pas "Je vais leur raconter l’histoire"… Tout le monde la connaît! Alors, tu te dis: "Je vais le faire à ma façon, et j’espère juste qu’ils vont me suivre…""
Le Cid, rappelons-le, présente l’histoire de Rodrigue et Chimène. Promis l’un à l’autre, et très épris, ils devront, à la suite d’une violente querelle entre leurs deux pères, choisir entre l’amour et l’honneur familial. Avec ce texte, Hélène Florent joue pour la première fois dans une tragédie et dans une pièce écrite en vers.
Comment approche-t-on un tel rôle? "C’est une tragédie, mais je peux quand même me baser sur des éléments de ma propre vie; à partir de là, j’imagine ce que peut ressentir Chimène. Puis, je dois prendre ces sentiments, et les rendre plus grands que nature pour dépasser l’aspect dramatique et atteindre la dimension tragique. La peine de Chimène devient une peine incommensurable; elle n’est plus amoureuse, elle se consume d’amour. En plus, c’est écrit en vers. Ça pourrait sembler une embûche, mais il faut plutôt se servir de cette caractéristique. On a fait beaucoup de travail technique pour maîtriser le texte et le rendre de façon limpide pour le public. Une fois que la technique est bien solide, ça te donne un tremplin extraordinaire. C’est vraiment bien écrit, et les vers sont là pour t’aider à monter les marches et à magnifier les sentiments. Plus on travaille, plus on trouve des nuances."
Dans cette pièce datant de 1636, la comédienne trouve plusieurs éléments propres à intéresser le public, dans l’intrigue présentant choix déchirants et triangle amoureux et dans les valeurs. "La pièce parle d’amour, d’honneur: ce sont des belles valeurs, qu’on a encore mais qui sont tellement diluées, et des grands sentiments, qu’on aurait encore envie de voir exister. C’est vraiment intéressant de les voir à la puissance 1000, et de croire à cette histoire d’amour-là."
Du 10 au 19 février à 19h30
Au Centre national des arts
Voir calendrier Théâtre