Le Conte d’hiver : Vive le vent, vive le vent!
Le Conte d’hiver, spectacle du Théâtre Sous-Zéro mis en scène par Jean Bélanger, vous réchauffera à coup sûr: présenté dehors, il se joue avec humour du froid et des éléments.
Présenter une pièce dehors, durant les mois les plus froids de l’année, n’est pas banal. C’est la proposition que font Jean Bélanger et sa folle – très folle – équipe. On chuchote que leur générale a eu lieu à 4 h du matin, pendant une semaine où il faisait, le jour, autour de – 20 ° Celsius… Mais au-delà du tour de force qu’il représente, le spectacle, divertissant et sympathique, apparaît, malgré son caractère parfois un peu ébouriffé, d’une grande cohérence.
Comédie de Shakespeare adaptée par Serge Bonin, Le Conte d’hiver raconte une histoire de prétendu adultère – imaginé par un roi soudain aveuglé par la jalousie -, une histoire de jeune fille perdue, de désobéissance, d’amour, de fête à la campagne et de retrouvailles générales. Intrigue enlevée, répliques truculentes, personnages caricaturaux: autant d’ingrédients comiques portés avec vivacité, humour et talent par des comédiens énergiques (Fabien Cloutier, Daniel Fortin, Marika Henrichon, Sophie Martin, Yann Parent, Caroline Stephenson et Antoine Vézina). Si les interprètes s’offrent avec enthousiasme aux caprices de la nature, les spectateurs, au chaud dans la verrière du Sacrilège, assistent au spectacle en regardant à travers de grandes vitres, voix et bruits portés par quelques micros.
Jeu, scénographie et mise en scène exploitent à fond l’environnement qui, plus qu’un décor, devient essentiel au spectacle. Patinoire, pelle, glissade, hockey, Carnaval: tout ce qui constitue – ou presque – nos hivers s’y trouve. Pour notre plus grand amusement devant ces trouvailles, devant la complicité qu’elles instaurent automatiquement avec le public: lui aussi, pour se rendre, a dû s’emmitoufler, comme le sont les comédiens, bien rembourrés sous leurs costumes.
Le résultat? Une soirée tout à fait réjouissante et, sans jeu de mots, rafraîchissante, qui ramène le théâtre à ses plus simples ingrédients: une histoire, des personnages, des acteurs et des spectateurs qui goûtent sans retenue le plaisir du jeu. Voilà une production originale, audacieuse, qui vaut le détour; et qui nous fait aimer encore plus, malgré ses excès frigorifiants, notre Québec, et son hiver parfois dément.
Les 12, 13, 14, 15, 21 et 22 février à 20 h
Au Sacrilège
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