Transitions : Futur antérieur
Scène

Transitions : Futur antérieur

Transitions , une première réalisation inspirante et soignée.

Une rencontre fructueuse entre trois imaginaires, l’amalgame sans heurts de postures artistiques contrastées, voilà ce que propose Transitions, la première création en trio de Katia Gagné, Mark Eden-Towle et Alex Veilleux. Réflexion sensible à propos de la période transitoire dans laquelle notre monde semble engagé, le spectacle jette les bases d’une écriture scénique fort prometteuse.

La performance des comédiens s’inscrit d’abord dans une utilisation remarquable de l’espace scénique. Tirant profit des particularités du lieu de représentation (un ancien bain public), de ses hauteurs, profondeurs et distances, l’aire de jeu est pleinement et savamment investie. S’introduisant de toutes parts, les acteurs évoluent avec aisance et fluidité au cœur d’une technologie aussi simple qu’efficace, une magie qui jamais ne les supplante.

Le décor de Stéban Sanfaçon offre aux éclairages de Lucie Bazzo et aux projections vidéo de Mathieu Leblanc des possibilités étonnantes. Exploitant la transparence, une interaction esthétique et signifiante entre le corps vivant et le corps projeté, la scénographie constitue la clé de voûte d’une superbe poésie visuelle. Les musiques électroniques et orientales de Dino Giancola contribuent à créer de précieux moments d’unisson.

Bien qu’une authentique trame narrative relie les différents tableaux du spectacle, la force d’évocation des corps rend souvent les mots banals. Grâce à de très belles séquences de mouvements, à des combats et rituels cathartiques, le spectateur "entend" le murmure intérieur des personnages. Janne (Gagné, fantastique de nuances) exprime la peur qu’elle ressent à l’idée d’affronter le quotidien sans sa caméra au poing. David (Eden-Towle, physiquement impressionnant) regrette d’avoir passé la plus grande partie de son existence rivé à une table de travail. Gabriel (Veilleux, admirablement polyvalent) meurt d’envie d’aller à la rencontre de ses origines amérindiennes. Le peuple de Briegha (Marie-Claude Sabourin, auguste) étant en voie de disparition, cette nomade aurait toutes les raisons de s’apitoyer sur son sort. Elle constitue pourtant le pôle le plus serein de ce quatuor. Disons, sans trop en révéler, que sa sagesse millénaire influencera durablement le destin des autres protagonistes.

Jusqu’au 12 février
Au Bain Mathieu

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