2191 nuits : Briser la glace
Avec 2191 nuits, Les Deux Mondes signent une prometteuse fantasmagorie.
Disons-le d’emblée, le nouveau spectacle multimédia des Deux Mondes impressionne et émeut moins que Leitmotiv, le drame musical créé par la compagnie en 1996. Dans son état actuel, 2191 nuits constitue une proposition forte, un enchaînement d’éblouissants tableaux qui ne demande qu’à prendre l’ampleur des précédentes réalisations du metteur en scène Daniel Meilleur. Conte pour adultes, la création traduit en sons (Michel Robidoux) et en images (Yves Dubé) le deuil d’un scientifique dont la femme et le jeune enfant ont péri lors d’un écrasement aérien dans le Grand Nord. Bien qu’elles aient permis à l’homme de survivre à ses blessures, les avancées de la science s’avèrent bien inaptes à apaiser la souffrance, le manque et les souvenirs qui le taraudent. Opérant un habile dialogue entre projections, réflexions, ombres et distorsions, la représentation matérialise de manière inventive et envoûtante le tourment du personnage principal. L’ensemble manque encore de rythme, mais le jeu des trois acteurs ne semble pas en cause. Isabelle Lamontagne, Michel Mongeau et surtout Martin Rouleau paraissent très à l’aise dans cette machinerie. Bien qu’elle mise sur une métaphore arctique un peu trop appuyée, la vibrante poésie de Philippe Ducros escorte à merveille celle de l’image. Si le spectacle laisse actuellement un sentiment d’incomplétude, il indique aussi qu’il a toutes les chances d’atteindre sous peu sa forme définitive.
Jusqu’au 19 février
À la Cinquième salle de la Place des Arts
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