Fannie Bellefeuille : La force de l’âge
Fannie Bellefeuille signe une adaptation scénique du chef-d’œuvre de Boris Vian, L’Écume des jours.
On ne peut pas dire que Fannie Bellefeuille manque d’audace. Non seulement elle et quatre de ses comparses (Gilles Poulin-Denis, Christine Pinard, David Buyle et Julien Véronneau) ont osé fonder une nouvelle compagnie théâtrale, mais leur première production n’est rien de moins qu’une adaptation scénique de L’Écume des jours, le célèbre roman de Boris Vian. Diplômés de l’École supérieure de théâtre de l’UQAM, les membres du Collectif Ikaria souhaitent offrir une tribune à la relève. Alors que leur première réalisation n’est pas encore dévoilée, les jeunes créateurs nourrissent un projet de court métrage et possèdent un texte original en chantier.
Il y a déjà quatre ans que Fannie Bellefeuille travaille à une version théâtrale de L’Écume des jours. "Je me suis mise à la tâche sans avoir pleinement conscience de l’ampleur du défi, admet-elle. Adapter Vian, c’est non seulement tenter d’être à sa hauteur, mais aussi accepter de rivaliser avec les différentes visions que les lecteurs se sont fabriquées à partir de l’œuvre. Devant ce risque, c’est mon grand amour de Vian qui m’a guidée. J’espère avoir réussi à transmettre son imaginaire absolument unique." La majorité des écrits de l’écrivain français mort en 1959 exprime l’inévitable et douloureuse rupture de l’individu avec le potentiel infini de l’enfance. Dans L’Écume des jours, Colin est probablement le meilleur exemple de cette incapacité à se conformer aux exigences de la "maturité". Voilà une entrée en matière on ne peut plus appropriée pour une jeune compagnie pleine d’idéaux. "Il s’agit d’une œuvre intemporelle, affirme l’adaptatrice, une histoire d’amour tragique que l’on continue de lire pour les mêmes raisons que l’on continue à lire Roméo et Juliette. Les personnages du roman me touchaient énormément lorsque j’étais jeune et ils m’émeuvent tout autant aujourd’hui, mais pour des motifs complètement différents."
Au cours de ses études à l’UQAM, Fannie Bellefeuille voit sa pièce progresser considérablement. "J’ai trouvé au fil de mon baccalauréat des acteurs qui correspondaient parfaitement aux différents personnages du roman, révèle-t-elle. Comme j’ai toujours besoin d’écrire en pensant à des interprètes précis, mon adaptation a beaucoup évolué au cours de cette période." Lorsque la jeune créatrice propose à Alain Fournier, son ancien professeur et conseiller en matière dramaturgique, de porter son adaptation à la scène, autrement dit de diriger huit comédiens et quatre concepteurs dans une aventure aussi audacieuse, l’homme de théâtre aux multiples talents accepte avec joie. "Pour mettre en scène un tel univers, explique la jeune créatrice, on doit porter en soi une folie, une jeunesse et une expérience qui correspondent parfaitement au profil d’Alain. Pour ce premier spectacle, nous avions besoin d’être épaulés par un professionnel comme lui. J’ai entièrement remis mon texte entre ses mains. À lui maintenant d’en faire ce qu’il veut. Il a toute ma confiance."
Du 1er au 19 mars
Au Théâtre Prospero
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