O Vertigo : Géométrie variable
O Vertigo fête son vingtième anniversaire avec l’inauguration de son nouveau centre de création et avec sa toute dernière œuvre d’orientation multidisciplinaire, Passare.
Avoir 20 ans, ça vous donne le vent dans les voiles… Surtout lorsque votre cadeau d’anniversaire est un centre de création muni d’un espace de bureaux chic design et d’un studio de répétition tout équipé, d’une dimension respectable: 3100 pieds carrés. Mais ce privilège ne vient pas sans responsabilités. Le mandat de ce nouveau centre se divise en deux volets: recherche et formation. Quoique la dimension recherche-création prenne plus d’importance, celle de la formation ne sera pas négligeable et cherchera à offrir aux professionnels du milieu des classes et des ateliers visant à une "transmission du savoir", comme nous l’affirme Ginette Laurin.
"J’ai toujours accordé une grande place à la recherche dans mon travail de création. De plus en plus, je peux constater qu’il existe un parallèle entre mon travail de chorégraphe et celui des scientifiques. À ce compte, je me considère comme un chercheur, au même titre qu’un astrophysicien ou un mathématicien peuvent l’être." Il semble en effet y avoir cette quête commune entre arts et sciences qui consiste à calculer l’infini. Mais quelle forme prend cette quête dans le travail de la chorégraphe? "Je m’intéresse de très près à l’essence des êtres, nous explique-t-elle. Dans Passare, le travail avec les interprètes m’a permis de me rapprocher un peu plus de cet objectif, en ce sens que j’ai volontairement laissé plus de place à leur individualité que dans toutes mes créations précédentes. Ce qui fait la force de la pièce, selon moi, c’est la diversité qui ressort de ce processus qui s’est étalé sur près de deux ans, avec des interprètes de différentes tranches d’âge et issus de divers domaines, tels le cirque, le théâtre, les arts martiaux, la danse…"
La première de Passare a eu lieu en avril 2004, à l’Opéra de Lille. La pièce est donc déjà rodée. Quelles sont les réactions? "Il s’agit d’une œuvre dont la structure n’est pas linéaire, comme celle d’un rêve à l’intérieur duquel peuvent se produire des revirements brusques, amenés par de nombreux points de rupture. Je dirais donc que la pièce est, en ce sens, déstabilisante. Elle met en scène un univers où certains détails qui subsistent dans la mémoire, par le souvenir, sont amplifiés au point de prendre une ampleur démesurée. Ce qui engendre une oscillation entre le dramatique et le comique." C’est le texte qui nous permet d’avoir accès à cet univers. Mais il n’a pas une fonction strictement narrative. Car la voix est utilisée comme un geste, nous assure Ginette Laurin. Plus près du naturel d’un simple témoignage que d’une déclamation désincarnée.
Pour cette œuvre, la chorégraphe a fait appel à l’astrophysicien Claude Théoret, à la vidéaste Oana Suteu et au concepteur d’éclairages Alain Lortie afin de créer l’architecture scénographique voulue. La musique, elle, est de Peter Scherer.
Les 25 et 26 février
Au Théâtre Maisonneuve
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