Le cycle Oreste : Mondes parallèles
Scène

Le cycle Oreste : Mondes parallèles

Le cycle Oreste se poursuit avec Oreste à travers le temps, une pièce à six metteurs en scène… Entrevue avec Luce Pelletier, directrice générale et artistique du Théâtre de l’Opsis.

"La première fois que nous avons tenté une expérience de la sorte, se souvient Luce Pelletier, c’était en 1990, avec un extrait de Musset. Il s’agissait également de six metteurs en scène, mais avec une seule scène." Oreste à travers le temps est une occasion de mieux cerner les personnages d’Oreste et Électre, à travers divers textes. Après avoir monté Oreste: The Reality Show (Serge Denoncourt mettant en scène le texte d’Euripide), La Sirène et le Harpon de Pierre-Yves Lemieux (inspiré du mythe grec, l’auteur explorait l’après-matricide) et Élektra d’Hugo von Hofmannsthal, mis en scène par Luce Pelletier, l’Opsis réunit maintenant les visions de six auteurs et de six metteurs en scène.

"C’est un cours accéléré sur la base de la mise en scène! J’enseigne moi-même la mise en scène à l’UQAM, et j’essaie toujours d’expliquer qu’il ne s’agit pas de la mise en place. L’idée n’est pas tellement de choisir la texture de la robe ou la texture du décor; c’est la lecture générale de la scène qui importe." Michel Bérubé, Isabelle Leblanc, Albert Millaire, Luce Pelletier, Claude Poissant et Alice Ronfard s’attaqueront donc aux textes de Sophocle, Jean-Paul Sartre, Jean Giraudoux, Vittorio Alfieri, Laszlo Gyurko et Voltaire. "Je venais de faire Élektra qui était très intense, alors là j’ai choisi le Giraudoux, avec une Électre paisible et douce, plus jeune et plus naïve, et qui s’interroge beaucoup sur la haine qui l’anime."

"J’ai donné carte blanche aux metteurs en scène; je ne fais aucune direction artistique. Il y a bien sûr ces règles (surtout parce que nous partons en tournée): se partager Oreste et Électre. Il y a seulement trois gars et trois filles, et il fallait qu’un gars et une fille jouent deux scènes chacun. Nous avons établi ces règles lors de notre unique réunion où nous avons choisi les acteurs avant d’amorcer le projet. Mais même quand j’ai pu voir comment tout ça prenait forme, je n’intervenais pas: le metteur en scène est roi avec sa partie et je veux que l’on voie sa vision. Nous ne nous sommes revus qu’à la création, au Bic. Là, nous avons discuté de l’ordre des scènes, des entre-scènes et de la cohésion. Tout s’est fait dans un calme exceptionnel, malgré l’électricité et l’énervement. Personne ne se sentait menacé parce que les six textes nous transportent dans des univers très différents, même s’ils ont tous la même histoire de base. En bout de ligne, Giraudoux est plus traditionnel et Gyurko, le Hongrois, se donne des libertés absolues; Alice s’en est également donné pas mal car le texte le permettait davantage…"

Les concepts ont donc évolué en parallèle, sans que personne ne se consulte. Bien sûr, les techniciens et les comédiens avaient, eux, une meilleure vue d’ensemble, mais tous ont été discrets. La dernière réunion s’est déroulée autour de l’idée générale du spectacle, non sous l’angle de la comparaison. "Nous n’avons pas eu beaucoup l’occasion de nous comparer, vu la nature différente des textes, nous avons plutôt travaillé à l’ordre des scènes et à ce que le spectacle soit bon, communicatif, tout comme à entourer les acteurs. Et c’est à cette étape, pour la première fois, que nous avons travaillé avec le concepteur d’éclairages, André Rioux, ce qui donne une cohérence et contribue au concept." En trois ou quatre jours, c’est devenu un spectacle. C’est maintenant au public de participer à la réunion…

Les 15 et 16 mars
Au Théâtre Outremont

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