The Holy Body Tattoo : Ressources naturelles
The Holy Body Tattoo est de retour à l’Usine C après cinq ans d’absence à Montréal. Roulement de tambour…
Cette compagnie de danse bicéphale, originaire de Vancouver, est codirigée par les chorégraphes Noam Gagnon et Dana Gingras depuis sa fondation en 1993. Monumental, leur toute dernière création, respecte l’orientation esthétique emblématique de ce qu’ils ont nommé "le tatouage du corps sacré", comme nous l’affirmait Dana Gingras en entrevue. "Il y a toujours ce dark side que nous explorons volontairement dans nos œuvres. Pour exemplifier le propos, je reprends à mon compte les paroles de Leonard Cohen, qui vont en ce sens: "Il y a une faille dans toute chose, par où il est permis à la lumière de s’infiltrer." C’est en quelque sorte cette faille chez l’individu qui nous intéresse lorsque nous créons."
Voilà pourquoi l’implication des interprètes est hautement sollicitée. Pour cette pièce, ils sont neuf. Un nombre exceptionnel, selon la chorégraphe. "C’est la première fois que nous avons l’occasion de travailler avec autant de danseurs. Ils avaient tous des devoirs à faire. Surtout de l’observation. Par exemple, ils devaient se présenter à l’heure de pointe dans un lieu public et noter le type de langage corporel utilisé par l’ensemble des individus. Après, on développait à partir de ça… On pourrait dire qu’un des thèmes principaux de la pièce est l’appartenance au groupe… l’individu face à l’urbanité."
C’est sous une forme multidisciplinaire qu’ont été développés ces aspects sur scène. "Nous avons intégré des projections d’images photographiques qui ont été captées par William Morrison et moi-même et qui ont été montées sous forme de vidéo. Il s’agit d’images de divers artefacts qui nous servent à produire et à dépenser nos ressources naturelles. Par exemple, des voitures, des moulins à vent, etc." Pour la musique, les deux chorégraphes ont fait appel au talent du compositeur Roger Tellier-Craig. "La texture sonore qu’il a réussi à produire colle à merveille à la pièce. C’est comme un bruit fantôme en background, rappelant celui qui provient du brouhaha urbain." Notons aussi la participation musicale des Tambours du Bronx et de Godspeed you! Black Emperor.
Puis, il y a bien sûr cette énergie électrisante qui caractérise la gestuelle toujours très dynamique de la troupe. "Les danseurs sont tous perchés sur un piédestal durant près de la moitié de la pièce. Ce n’est pas évident. Les mouvements sont rapides. Il y a un élément de risque constamment présent. Ça fait partie de notre vocabulaire. De plus, c’est très stimulant pour les interprètes."
L’ambiance générale du spectacle a été conçue à partir d’un texte de l’artiste en arts visuels Jenny Holzer. "Toutefois, nous n’avons pas composé la gestuelle à partir des mots. Ceux-ci nous ont plutôt servi à cadrer l’état d’esprit général du mouvement." En voici un extrait… en guise de prologue au spectacle: "Ton cœur peut s’arrêter si tu entends quelque chose qui n’est pas destiné à tes oreilles. Console-toi, c’est peut-être la vérité."
Jusqu’au 12 mars
À l’Usine C
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