Christian Michaud : Le jeune homme et la mère
Scène

Christian Michaud : Le jeune homme et la mère

Christian Michaud et Linda Laplante s’affrontent dans L’Effet Médée, où une actrice cherche à persuader un metteur en scène de lui donner le rôle de l’héroïne matricide. Histoires de familles.

Après une journée d’auditions infructueuse, un metteur en scène (Christian Michaud) se retrouve aux prises avec une actrice (Linda Laplante) qui tente de le convaincre de lui donner le rôle-titre de Médée, la pièce qu’il s’apprête à monter. "C’est un jeune metteur en scène, plein d’avenir, qui commence à être assez reconnu, explique le comédien. Tout à coup, cette femme arrive et elle est acharnée, elle veut absolument passer l’audition. Mais lui ne veut rien savoir, car il ne la connaît pas et se dit qu’elle ne doit pas être une professionnelle. S’ensuit un débat d’idées sur le personnage de Médée, cette femme qui, par vengeance contre son mari parti avec une autre, tue ses propres enfants. C’est-à-dire qu’elle explique pourquoi elle a envie de jouer ce personnage et elle lui demande pour quelle raison il veut monter cette pièce, ce qu’il veut dire, en fait, toutes les questions qu’un metteur en scène doit se poser. Ça change complètement sa vision théâtrale de même que sa vision de la vie."

En fait, plus qu’à Médée ou au théâtre en tant que tel, c’est surtout aux relations mère-enfant qu’on semble s’intéresser ici. "C’est sûr que ce n’est pas dit clairement, précise-t-il, mais c’est la façon dont on a abordé la pièce avec Marie Gignac, la metteure en scène. On a cherché à travailler cet aspect dans le sous-texte." N’empêche, on peut se demander si tout le débat entourant le classique de la tragédie grecque ne s’adresse pas qu’aux seuls initiés. "Au début, on craignait que ce soit juste une petite bulle sur une scène et que les gens assistent à ça sans se sentir concernés", admet-il, mais la lecture qu’ils ont présentée aux Fenêtres de la création les a rassurés: "On a été super surpris de la réaction du public. Ça riait beaucoup; enfin, ça riait jaune… On a eu la confirmation que ça ne se passait pas qu’entre nous, que les gens recevaient bien le sujet et qu’ils étaient intéressés à savoir ce qui allait arriver."

Quoi qu’il en soit, ils ont bel et bien voulu créer une manière de bulle sur scène: "C’est très quotidien, quasiment un jeu de cinéma. Marie nous a dit: "Ne faites pas de théâtre, ne jouez pas, ne parlez pas fort, soyez le plus proche, le plus juste, le plus petit possible." Elle nous a fait travailler dans le sens de la simplicité, ce qui amène une grande vérité, parce que souvent au théâtre, quand ça devient large, quand tu parles fort, tu sors de toi-même, alors que là, ça reste intérieur. Le défi, c’est de garder notre bulle, dans une atmosphère intimiste, et de transmettre ça à toute la salle." Une vision qui, à son sens, s’accorde bien avec celle de l’auteure. "L’année dernière, je suis allé voir Le Désir de Gobi, aussi écrit par Suzie Bastien, et je pense que c’est quelqu’un qui a envie d’explorer le côté simple de gens ordinaires qui vivent des situations extraordinaires. Parce que Le Désir…, c’était ça, observe-t-il, et là, c’est un peu la même chose, une comédienne et un metteur en scène ordinaires, qui se rencontrent et parlent de tragédie, de grosses émotions, mais dans la simplicité." Le mythe appliqué, quoi.

Jusqu’au 9 avril
Au Théâtre Périscope

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