Révélation : Il était quatre fois
Scène

Révélation : Il était quatre fois

Projet singulier, Révélation est composé de quatre courtes pièces centrées sur un même thème. Résultat: un spectacle surprenant, plein d’énergie et de talent.

À la base, quatre textes solides, que servent une mise en scène souple et quatre comédiens polyvalents. Étonnement, d’abord, puis plaisir fou avec Rêver la Sion de Denis LeBlond. Polar délirant, politico-fantaisiste, ce texte nous place devant quatre personnages se débattant avec un meurtre à élucider, et surtout, avec un auteur qui tarde à leur écrire une histoire. Personnages caricaturaux campés avec humour par les comédiens, mise en scène simple et minutieuse, touche d’absurde: un régal. Puis, rencontre avec le monde âpre de la pièce de Fabien Cloutier, Les Filles des trous perdus. Langue crue, jeu à la fois réaliste et poétique, mêlant présent et passé, nous happent dans cette histoire sombre, celle de deux jeunes femmes handicapées. Sur un mode comique, Le Messie, d’Yves Amyot, nous présente ensuite deux personnages qui, après un geste de libération, s’exaltent, et rêvent de changer le monde. Construction serrée et efficace, dialogues vifs et très drôles, la pièce mise grandement sur le jeu de deux comédiens particulièrement inspirés; elle s’émaille, au passage, de clins d’œil à notre ville et à son actualité. Au fond des bois, de Marc Doré, nous entraîne finalement chez les Veilleux, une famille de braconniers aux prises avec un clan ennemi. Le plus long des textes, il est aussi le plus développé sur le plan de l’intrigue et des personnages, et nous plonge dans une atmosphère un peu trouble, où s’agitent de sombres désirs.

Le défi d’un tel projet? Faire exister fortement, en peu de temps et avec peu de moyens, des univers disparates; en même temps, faire de ces quatre textes un seul spectacle. Christian Garon, metteur en scène, et son équipe répondent à ces contraintes par un spectacle fluide, ingénieux: utilisation d’un seul décor, très beau et plein de possibilités (Virginie Leclerc), mise en scène inventive, direction assurée d’acteurs de talent (Marie-Josée Bastien, Anabelle Lebrun, Sylvain Perron, Réjean Vallée). Si l’intérêt des textes peut paraître inégal, selon le goût de chacun, et l’interprétation pas toujours uniforme, pardonnons ces petites inégalités à un spectacle qui, par son audace et son esprit ludique, ne cesse d’étonner et de séduire.

Jusqu’au 26 mars
À Premier Acte

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