La peur n’a pas saisi Lucie : Histoire de fille
La peur n’a pas saisi Lucie, un drame domestique portant sur les relations amoureuses des trentenaires d’aujourd’hui.
Le sujet fait couler beaucoup d’encre depuis quelques années. Le phénomène Bridget Jones, la trentenaire célibataire, rejoint toute une génération de filles pour qui la recherche de l’âme sœur devient une corvée nécessaire. Au Québec, c’est majoritairement dans nos téléromans que nous retrouvons l’alter ego de l’héroïne britannique. Signe des temps, la jeune compagnie Mazu Théâtre nous offre sa variation sur le même thème dans La peur n’a pas saisi Lucie, écrite et mise en scène par Nathalie Barabé.
Lucie et Marina sont deux colocataires trentenaires qui vivent mal l’échec amoureux. L’une se remet péniblement d’une rupture survenue après trois ans de vie commune. L’autre vit dans le monde fantasmatique de son enfance, rêvant d’un prince charmant personnifié par son ancien petit voisin. Les deux femmes, à l’opposé l’une de l’autre, se renverront la balle entre deux cadres de porte, parfois désespérées, parfois hilares, témoignant bien de ce nouveau concubinage moderne: la cohabitation.
L’idée de départ fourmille de possibilités. L’ennui, c’est que la mièvrerie du propos empêche toute métaphore ou transposition artistique. Si Lucie vit dans ses rêves d’enfant, ce n’est que pour nous situer un amour de jeunesse qui viendra cogner à sa porte. Aucune réflexion n’est émise sur la confrontation du rêve et de l’hyperréalisme choisi. Marina, le personnage qui sert de faire-valoir à Lucie, n’apporte qu’un contrepoids facile, sans véritable profondeur. Nous nous trouvons devant deux personnages ne se définissant que par leur relation aux hommes, sans que le traitement nous offre l’occasion d’y réfléchir. Le tout se termine par une conclusion qui veut sauver les meubles, mais qui n’y parvient pas.
Soulignons néanmoins que Mazu Théâtre a la vaillance de présenter une création indépendante qui offre certains bons coups. L’intéressante scénographie de David Gaucher et la fougue d’Anie Pascale nous font parfois oublier que nous nous attendions cette fois à plus de chair.
Jusqu’au 6 avril
À la Petite Licorne
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