Marie Chouinard : Je reviendrai à Montréal
Deux œuvres de Marie Chouinard qui ont fait le tour du monde reviennent à Montréal avec toute la maturité qu’apporte le voyage.
C’est à la Place des Arts que nous seront présentés, en reprise, Chorale (2003) et les 24 Préludes de Chopin (1999). Assise sur un petit tapis d’exercice bleu, au bord des fenêtres de son studio de pratique par lesquelles s’infiltre une lumière éblouissante de milieu d’après-midi, Marie Chouinard me glisse quelques mots sur le chemin parcouru par ces deux pièces depuis leur création. "Ça a beaucoup changé, observe la légendaire chorégraphe montréalaise. Mais ça s’est effectué de manière très graduelle. Ce qui fait que j’ai un peu de mal à identifier avec précision ces transformations, mais je peux affirmer que ça se situe surtout au niveau des transitions, dans le travail du mouvement, à la limite entre les choses… c’est donc le résultat d’un travail de polissage constant."
Les pièces prennent alors de la maturité, un peu comme un être vivant qui évolue au fil de ses expériences de vie. "Ce que je trouve beau, c’est de voir à quel point la technique des interprètes devient progressivement plus libre et plus solide. Ça prend habituellement environ deux ans avant d’atteindre ce point. Ensuite, on peut accéder à toute la richesse et à l’âme de la pièce. Ce commentaire est aussi valable pour les techniciens qui travaillent à l’arrière-scène. Surtout que mes œuvres sont toujours construites en fonction de cues d’éclairage bien précis."
SERVICE APRÈS-VENTE
Marie Chouinard a cette réputation mondialement connue de toujours présenter des chorégraphies d’une qualité irréprochable. "Je fais un suivi continuel sur mes pièces. Ce n’est pas parce que le spectacle est lancé qu’il n’y a plus rien à faire. Au contraire. Aussi, la manière dont nous fonctionnons dans la troupe exige ce genre de suivi. C’est-à-dire qu’en tournée, il peut arriver que nous présentions une pièce dans une ville et que dans la ville suivante ce soit une autre pièce. Il faut donc se remettre continuellement le travail dans le corps. C’est d’ailleurs souvent les interprètes qui me demandent eux-mêmes d’apporter ces corrections… Ce sont, tout comme moi, des perfectionnistes passionnés."
Mais ça ne les empêche pas d’avoir le trac, plus qu’à la normale, lorsqu’ils reviennent présenter des pièces à Montréal. "Eux autant que moi, nous sommes toujours plus nerveux lorsque nous revenons danser chez nous. Je crois que c’est comme ça pour tous les artistes. Ceux qui nous connaissent et nous suivent depuis longtemps sont souvent plus critiques à notre égard que les publics de l’étranger. C’est pour ça que je préfère essayer mes nouvelles créations dans d’autres pays, pour être sûre de mon coup lorsque je viens les présenter à Montréal!"
En effet, la première mondiale des 24 Préludes… avait eu lieu au TanzWochen Wien Festival d’Autriche; celle de Chorale, au RED Reggio Emilia Danza d’Italie. Et sa toute nouvelle création sera présentée pour la première fois à Venise en juin prochain… Pour Montréal, il faudra attendre le printemps 2007.
En attendant, savourons les deux petits bijoux chorégraphiques qui nous sont offerts, avec un petit extra en ce qui a trait aux 24 Préludes… car nous aurons la possibilité d’entendre et de voir en temps réel sur scène le pianiste Jean-François Latour interpréter la musique de Chopin. "Ça faisait longtemps que je voulais intégrer le piano sur scène. C’est lors de notre passage à Tokyo que nous avons essayé cette collaboration pour la première fois, car les Japonais sont très sensibles à la musique de Chopin. Avec toute la résonance de l’instrument au diapason du corps des danseurs, la pièce prend une dimension encore plus touchante… surtout pour moi qui perçois cette œuvre comme un autoportrait."
Du 31 mars au 2 avril
Au Théâtre Maisonneuve