Le Discours de la méthode : Feux d’artifice
Avec Le Discours de la méthode, le Loup Bleu et sa meute du Théâtre du Sous-marin jaune font la preuve de leur folle imagination. Et montrent aussi qu’on peut réfléchir tout en rigolant.
L’idée de porter à la scène un ouvrage philosophique apparaît, en soi, un peu étonnante. Quand on sait, en plus, que ce sont des marionnettes qui présentent la vie et les bases de la méthode appliquée par Descartes dans ses recherches, on peut s’attendre à toutes les surprises. Ainsi va Le Discours de la méthode, inspiré du célèbre essai de René Descartes, adapté par le Loup bleu et les comédiens Jacques Laroche, Dominique Marier, Guy Daniel Tremblay et Antoine Laprise, également metteur en scène.
Si on présente, au cours de la pièce, nombre d’informations sur Descartes et sur la philosophie, nulle aridité. La fantaisie du Loup Bleu, et celle de ses acolytes, tout comme son esprit critique et ses talents de vulgarisateur en font un régal. Le texte, dense et documenté, truffé d’anachronismes, séduit, amuse, et stimule joyeusement la pensée. Antoine Laprise, de plus, exploitant à fond les possibilités expressives de la marionnette, jouant avec les accessoires, les effets visuels et sonores, signe une mise en scène pleine d’imagination et d’humour. Cette inventivité se retrouve aussi dans le décor (Christian Fontaine et Jeanne Lapierre), constitué principalement de boîtes de carton peintes. Déplacées, agencées de différentes façons, elles représentent villes, flots, bateau, deviennent accessoires et même, personnages!
Une fois de plus, le Sous-marin jaune va très loin dans la variété des marionnettes, presque toutes manipulées à vue. Aux marionnettes à gaine, à fil, aux silhouettes en ombres chinoises s’ajoutent masques magnifiques et marionnettes de carton, issues de croisements divers entre boîtes et comédiens… À souligner, l’énergie des quatre excellents comédiens qui les manipulent, endossant de multiples personnages, et la beauté des marionnettes, souvent étonnantes, créées par Claudia Gendreau, Julie Morel et Marie-France Larivière.
Donner une juste idée de la richesse, de l’intelligence échevelée de cette pièce est difficile; courez donc la voir. Si le début vous semble un peu touffu, et peut-être un peu lent, patientez: la suite se développe en un spectacle brillant, pétillant d’humour et d’ironie, gage de plaisir effervescent.
Jusqu’au 16 avril
Au Théâtre de la Bordée
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