Ionesco : Double jeu
Scène

Ionesco : Double jeu

Deux pièces de Ionesco sont présentées par deux troupes le même soir à la Salle Fred-Barry. Rencontre avec Jean-François Huchard, metteur en scène de La Leçon.

"À l’origine, c’est une idée de Pierre Rousseau, de la Salle Fred-Barry, qui avait envie de créer une espèce de micro-festival Ionesco pour cette saison. Plusieurs compagnies ont travaillé sur cette idée, dont la nôtre et celle de la Maison jaune. Il nous a finalement proposé de nous réunir pour faire un programme double", raconte Jean-François Huchard, Français d’origine, qui travaille actuellement sur quatre spectacles en même temps, dont un pour la jeunesse et l’autre autour de l’univers du conte. Pour cette soirée Ionesco, tout s’est déroulé de manière assez naturelle, dans l’harmonie et le respect de l’auteur. "La plus grosse difficulté a été purement pratique, car il a fallu adapter nos décors: nous jouions à l’italienne et eux jouaient en u!"

Concernant La Leçon, qu’il met en scène, Huchard se sent particulièrement à l’aise, car c’est justement cette pièce qui l’a amené au Québec: "D’une certaine façon, je traîne ce spectacle depuis 1999. C’est-à-dire qu’il a été monté en France avant d’être monté ici par ma compagnie, qui est française. La directrice de Théâtre Groupe BuildinG l’a vue à Avignon et m’a demandé de la présenter ici à Montréal. Donc, à l’origine, je me suis déplacé spécifiquement pour La Leçon, et je suis resté!"

Jean-François Huchard a fait ses classes au Conservatoire national de théâtre d’Avignon. En France, il a interprété plusieurs premiers rôles dont Hamlet, le Dom Juan de Molière et Méphisto d’après Klaus Mann, en plus de signer une dizaine de mises en scène. Il a d’abord monté La Leçon avec des comédiens français, mais ici, il s’est entouré de Jacques Drolet, de Julie Lallier (directrice de la troupe) et de Catherine Breton.

Si le Théâtre de la Maison jaune, avec pour metteur en scène Sylvain Binette, a choisi de travailler La Cantatrice chauve (1948), le fait de la marier avec La Leçon (1950) allait presque de soi. D’ailleurs, les deux pièces sont souvent publiées sous le même couvert. "En dehors de toute conception théâtrale, pour moi, Ionesco, c’est surtout un gros cri par rapport à la situation que l’on vit (surtout en Europe et malheureusement c’est en train de devenir ça ici aussi): montée du fascisme, montée du terrorisme et autres. C’est mon principal point de vue sur La Leçon, sinon bien sûr l’absurdité du monde dans lequel on vit. De toute façon, Ionesco, s’il n’est pas monté de façon trop classique et trop ennuyeuse, est un auteur éternel. Et La Leçon est une pièce on ne peut plus d’actualité, c’est ma première motivation pour monter ce spectacle-là." Le programme insiste d’ailleurs sur le fait que La Leçon peut se voir comme une mise en garde sur la cruauté et la stupidité de l’autoritarisme.

Du 5 au 30 avril
À la Salle Fred-Barry

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