Stephane Gladyszewski : Projection privée
Stephane Gladyszewski présente le spectacle multidisciplinaire Aura dans le cadre de la série Corps électronique.
Il a pratiqué la sculpture une grande partie de sa jeunesse, pour ensuite se diriger en photographie, domaine dans lequel il travaillera pendant plusieurs années avant d’entreprendre un bac en Études interdisciplinaires à l’Université Concordia. L’artiste nous a d’ailleurs confié en entrevue que durant cette formation – terminée il n’y a que quelques années -, il avait eu l’impression d’enfin pouvoir cristalliser en un seul bloc toutes ses expériences artistiques passées. Créateur polyvalent, il détient, en plus d’un bagage solide en arts spatial et pictural, une formation approfondie en danse et une bonne expérience de la scène – on a d’ailleurs pu le voir tout récemment, en tant qu’interprète, dans La Pudeur des icebergs, du chorégraphe montréalais Daniel Léveillé.
"Mon travail au studio Tilt, comme assistant photographe de Dominique Malaterre, m’a permis de développer des pistes de réflexion sur la lumière et les techniques de projection qui me servent énormément dans mes explorations actuelles sur le mouvement", raconte Stephane Gladyszewski. En effet, l’axe principal de recherche de ce jeune artiste est l’image du corps en mouvement, là où le réel et le virtuel se côtoient. Et pour réussir l’exploit de nous confondre en permanence, il a conçu lui-même, avec ingéniosité, un projecteur hybride qu’il manipule en temps réel sur scène.
"Mon travail sur le corps-écran m’amène à créer des architectures lumineuses plutôt complexes. Et quoique le résultat puisse avoir l’air assez fluide et dansé, ce que vit le danseur de l’intérieur se situe davantage à l’opposé. C’est très technique. Il y a beaucoup de déplacements précis et de cues spatiaux à respecter. En fait, j’admire la justesse d’interprétation que les danseurs réussissent à trouver, car dans la plupart des situations, ils ne voient absolument pas ce qu’ils sont en train de faire ou d’engendrer comme effet visuel."
Ces interprètes, ce sont Elizabeth Emberly, Emmanuel Proulx et Katie Ward, avec lesquels Stephane Gladyszewski travaille depuis un peu moins d’un an. "Je commence toujours par capter des images. Alors, en octobre dernier, on est tous allés se jeter dans l’eau glaciale d’un lac et j’ai filmé. Au départ, je voyais la thématique de l’eau pour mon spectacle… Ensuite, on est passé à l’exploration en studio. On a dû passer autour de 300 heures à essayer un paquet de trucs bizarres. J’en ai retenu quelques-uns. Il a fallu en laisser beaucoup de côté. J’ai vraiment la chance de collaborer avec des personnes d’une grande générosité… car ce n’est pas toujours évident pour eux!"
Côté musical, un collaborateur intéressant: Nicolas Basques. "C’est le premier que j’ai abordé pour le travail. J’ai donc commencé la recherche par la dimension sonore. Nicolas m’apportait des petits trucs qu’il faisait et on essayait… Pour le spectacle, son rôle est surtout d’effectuer une spatialisation du son qui ajoute une certaine profondeur à la trame préenregistrée."
Toute la scénographie, essentiellement composée de tissus, de latex et de bois, nous est proposée sous forme d’installation venant supporter le mouvement corporel. Un mélange judicieusement dosé qui contribue à intégrer à merveille le type de corps lumineux projeté par l’artiste. Le travail de Stephane Gladyszewski – tout comme les quelques productions actuelles qui vont en ce sens – ouvre la voie à une réflexion fort intéressante sur la notion de mise en scène. En outre, Aura nous place face à un conflit sensoriel qui nous pousse, tout au long de la représentation, à redéfinir notre conception d’un spectacle vivant.
Du 7 au 10 avril
À Tangente
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