Marie-Ginette Guay : La bête humaine
Scène

Marie-Ginette Guay : La bête humaine

Marie-Ginette Guay, avec Impératif présent, signe sa deuxième mise en scène. Plongeant dans un univers qu’elle connaît pour l’avoir souvent abordé comme comédienne, elle entre de nouveau chez Michel Tremblay.

Créée à l’automne 2003, Impératif présent ramène sur scène deux personnages de la pièce Le Vrai Monde?: Claude, écrivain, et Alex, son père, qui se retrouvent pour la première fois depuis 30 ans. Alex (Jacques-Henri Gagnon), malade, a perdu son autonomie et ne parle plus; Claude (Jacques Leblanc) lui rend visite, s’occupe de lui, lui parle. Cette rencontre fera surgir les rancoeurs, la culpabilité, et tout un mélange de sentiments, enfouis depuis longtemps. "Ces personnages-là, pour moi, sont deux icebergs, avance Marie-Ginette Guay. Ce qui les caractérise, c’est une grande force d’inertie: ils veulent pas changer. Mais le présent qu’ils vivent ensemble les oblige à se modifier, à leur corps défendant. C’est ça la pièce."

Après avoir peuplé de femmes, surtout, son univers fictionnel, Tremblay aborde ici la relation père-fils. "C’est quelque chose qui m’interpelle beaucoup, confie la metteure en scène. Je dis souvent que je suis amoureusement curieuse de ce rapport-là. Je finirai jamais d’être curieuse de ça; en même temps, je finirai jamais d’être curieuse de l’être humain. Je suis toujours étonnée de voir comment on fonctionne, comment on est inattendu. Parfois insaisissable, opaque, parfois facilement approchable, clair, limpide. Tout ce mouvement-là, en fait la vie, j’en suis profondément curieuse. Et le théâtre est un moyen d’approcher, d’expérimenter ça. On plonge dedans, et c’est très sécuritaire: y a pas de danger, on connaît la fin! C’est une liberté merveilleuse, le théâtre, parce qu’on peut tout essayer, et tout contrôler. Et finalement, en regardant tout ça, on constate qu’on est une merveilleuse bibitte…"

Pour son travail de mise en scène, Marie-Ginette Guay puise dans son expérience de comédienne. "Dans la mise en scène, il y a plusieurs blocs à mettre ensemble: jeu, scéno, lumière, musique. J’ai beaucoup de plaisir à conjuguer tous ces vocabulaires. Mais comme ma première inclinaison est d’être comédienne, je m’attache beaucoup au chemin de l’acteur; c’est avec ça que je travaille. J’aime bien aller me mêler du chemin des autres comédiens: je me mêle pas de mes affaires, et j’ai le droit! C’est assez agréable, aussi, de voir sa pensée, sa façon d’entrevoir la vie s’incarner dans les propositions qui, finalement, composent le spectacle."

Mettre en scène, jouer, assumer les fonctions de directrice artistique: tous les chemins, pour Marie-Ginette Guay, mènent au même but. "Tout ça, c’est très différent, mais ça touche à la même curiosité, au même besoin d’être un être humain, en rapport avec les autres. Qui cherche à avoir un monde meilleur, qui essaie de mettre un peu de beauté dans la vie. Je suis assez d’accord avec ce point de vue, qu’on trouve souvent chez Tremblay, que l’imaginaire, la force de création est une force de rédemption pour l’ensemble du monde. Créer, rêver sa vie, construire: la créativité, je crois, c’est ça qui nous sauve."

Du 12 avril au 7 mai
Au Théâtre du Trident

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