Les Grenouilles piégées : Le rap à Garneau
Avec sa pièce Les Grenouilles piégées, l’auteur Michel Garneau a choisi de parler du racisme aux jeunes avec un langage qu’ils connaissent bien: celui du rap.
Présentée à Sherbrooke en octobre 2003, la pièce Les Grenouilles piégées reprend du service pour quelques représentations scolaires et une représentation grand public au Petit Théâtre de Sherbrooke. La pièce, qui s’adresse aux 10 ans et plus, raconte l’histoire de Lasthénie (Anna Beaupré Moulounda), une jeune femme métissée qui refuse d’être victime de l’intolérance des autres. Avec l’aide de son band, elle raconte son parcours, qui la mènera jusqu’en Louisiane, où elle fera la connaissance d’un alligator. Le pauvre animal est chassé par des grenouilles qui ont été empoisonnées par les chasseurs; une façon de le tuer sans endommager sa peau. "Le racisme est une grenouille piégée!" illustre Michel Garneau.
Il y a déjà quelques années, l’auteur avait reçu la commande d’un théâtre de Genève d’écrire un texte épique sur un sujet brûlant. C’est à ce moment que le sujet du racisme lui est venu en tête. Le poète et dramaturge ne mange pas ses mots lorsqu’il parle de cette tare de la société. "C’est une maladie mentale héréditaire et il faut agir contre", s’enflamme-t-il de sa voix grave et impressionnante. "Pour ce faire, il faut d’abord commencer par reconnaître qu’on est racistes." L’homme cite à cet effet une étude selon laquelle 40 % des Québécois préféreraient ne pas avoir de voisin de couleur…
Si Michel Garneau a créé une pièce rapée, c’est parce qu’il est lui-même amateur de rap. L’auteur a aussi voulu utiliser un vocabulaire et un rythme avec lesquels les jeunes sont familiers. "Ce que j’ai cherché à faire, c’est une pièce hautement moraliste, mais amusante, drôle et rythmée." La musique a été composée par Michel G. Côté et la pièce, mise en scène par Isabelle Cauchy.
Le nom du personnage principal est inspiré d’une philosophe grecque, qui, pour étudier à l’Académie de Platon à Athènes, a dû se costumer en homme. "C’était une révolutionnaire, une rusée, une stratégique, souligne Garneau. Je voulais que mon personnage de Lasthénie soit l’envers de la victime. Qu’elle ait vécu des coups durs, mais qu’elle en ait triomphé." Anna Beaupré Moulounda, qui incarne Lasthénie, est née d’une mère québécoise et d’un père d’origine africaine. "Elle représente ma Lasthénie idéale, souligne l’auteur. Comme elle a été élevée en Abitibi, elle était pas mal la seule de sa gang! Il y a le racisme violent, mais il y a aussi celui de la cour d’école."
La pièce a été coproduite par le Petit Théâtre de Sherbrooke, en collaboration avec le collectif Moncton-Sable et le Théâtre vert du Bénin. Le rêve de faire voyager la pièce en Afrique et au Nouveau-Brunswick n’a jamais pu être concrétisé, faute de financement. "Avoir neuf personnes sur scène, c’est malheureusement un problème, se désole Michel Garneau. On voudrait faire une belle grande tournée, mais les gens n’ont pas les moyens d’acheter le spectacle." Heureusement, à Sherbrooke, nous avons la chance de revoir cette pièce qui traite d’un sujet essentiel.
Le 15 avril à 19 h
Au Petit Théâtre de Sherbrooke