Paul-André Fortier : Explosion solaire
Scène

Paul-André Fortier : Explosion solaire

Paul-André Fortier, notre doyen québécois en danse contemporaine, remplira de Lumière la Cinquième salle de la Place des Arts.

En août 2003, Paul-André Fortier s’était vu offrir une résidence dans cette salle qui devait devenir, à partir de ce moment, un lieu de diffusion permanent en danse contemporaine. Le chorégraphe reçut alors le mandat d’y concevoir des activités qui favoriseraient l’effervescence du milieu de la création dans ce domaine artistique lié au mouvement. C’est ainsi que seront mis sur pied, par exemple, les entretiens Danse et confidences – diffusés du 31 mars au 28 mai 2005 dans le cadre de l’émission Portes ouvertes, à la Première chaîne de Radio-Canada -, ou encore le happening Danse, musique et images en direct, qui a attiré près de 4000 personnes lors de la Nuit blanche du Festival Montréal en lumière.

Le travail de Paul-André Fortier n’échappe pas à ce questionnement qui, ne nous le cachons pas, est grandement influencé et nourri par l’apport et le développement fulgurant des nouvelles technologies sur le territoire artistique. Pour sa toute dernière création Lumière, comme pour sa précédente Tensions, il a fait appel à des collaborateurs spécialistes de la projection lumineuse. Mais cette fois-ci, un nouveau vient s’ajouter à l’équipe déjà formée par l’éclairagiste John Munro et le vidéaste Patrick Masbourian. Il s’agit du scénographe Pierre Bruneau, dont le champ principal d’exploration est la phosphorescence.

"J’avais ce fantasme de rendre le danseur lumineux, dans tous les sens du terme, avoue le chorégraphe. Et ce matériau qu’est le phosphore m’inspirait énormément, en ce sens qu’il s’agit d’un élément qui emmagasine la lumière et qui, lorsqu’il est plongé dans l’obscurité, génère sa propre lumière. Je trouvais ça très poétique. J’avais été fasciné par les installations phosphorescentes de Pierre, je lui ai donc demandé de se joindre à nous."

Pourquoi tant de supports lumineux réunis dans une même création? Un seul n’aurait-il pas suffi pour travailler l’idée de la lumière? "Sur ce point, répond le chorégraphe, mon objectif était de provoquer une rencontre de plusieurs éléments et de plusieurs personnalités qui, autrement, ne se seraient probablement pas retrouvés ensemble. Le tout est très hétéroclite, j’en suis totalement conscient. C’est justement là que se situe l’intérêt. Il s’agissait donc d’un beau défi!"

APRÈS LA PLUIE

Cette pièce n’a pas seulement l’intérêt de nous présenter la diversité sur un plan technique, mais également sur le plan de l’interprétation, car nous aurons la chance d’apprécier un éventail de corporéités plus large qu’à l’habitude dans une représentation dansée. À savoir qu’il y aura plus d’hommes que de femmes et qu’un écart de trois décennies séparera certains de ceux-ci. Cela ayant pour effet de nous amener sur de nouvelles pistes sémantiques à l’intérieur de notre lecture de l’œuvre dansée.

Si Tensions était une pièce sombre, Lumière est son pendant positif, selon Paul-André Fortier. "J’ai l’impression que ces deux pièces-là vont ensemble. Je n’aurais pas pu faire Lumière si je n’avais pas fait Tensions auparavant. De plus, Lumière est une pièce que je veux faire depuis presque 20 ans. Mais je n’ai jamais pu la faire, parce que ça prenait toutes mes pièces précédentes pour en arriver là. J’ai eu une période de contestation dans ma vie, j’ai fait des pièces plus obscures également. Je crois que ce sont des étapes nécessaires chez bien des artistes et il faut respecter ça. Mais maintenant, ce que je veux offrir aux spectateurs, c’est un espace-temps à partager qui soit créateur de leur propre besoin de bonheur, de plaisir."

Cette orientation artistique a l’effet d’un baume sur nos espoirs blessés par les images de guerre et de terrorisme véhiculées actuellement – et depuis un certain temps – par les médias. "Le thème de la lumière semble d’ailleurs être dans l’air du temps, tout comme le thème des anges il y a quelques années. J’ai cru remarquer qu’en ce moment, plusieurs créations artistiques portaient ce titre." Si plusieurs créations partagent le même titre, elles ne se ressemblent pas pour autant. Du moins, elles n’ont pas toutes la chance, comme il en est pour la pièce de Fortier, d’être accompagnées d’une trame sonore d’Alain Thibault

Avec son type de recherche toujours à la fois très solide et branchée, qu’il continue sans cesse d’approfondir, notre doyen demeure sans conteste l’un des chorégraphes les plus à l’écoute de son temps.

Du 14 au 16 avril
À la Cinquième salle de la Place des Arts

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