Trikobologie : Suivre le fil
Scène

Trikobologie : Suivre le fil

Avec Trikobologie, la compagnie Kobol marionnettes nous présente trois de ses spectacles en rafale. Rencontre avec les concepteurs Louis Ayotte et Pier Dufour.

"Quand on parle de marionnettes pour adultes, on ne parle pas de marionnettes pornographiques, on parle de spectacles pour lesquels un certain vécu et une certaine expérience de la vie sont nécessaires afin d’apprécier et comprendre les enjeux sociaux et artistiques véhiculés", raconte Louis Ayotte, probablement pour la millième fois de sa vie, mais toujours avec passion et le souci d’être clair et précis. C’est que, très souvent, le public québécois associe trop facilement la marionnette au monde de l’enfance. Il est vrai qu’il ne sont pas nombreux, les artisans de la manipulation et de la marionnette pour adultes, à promener leurs spectacles dans les théâtres du Québec. D’ailleurs, les gens de théâtre ne considèrent pas toujours ce genre de création, qui partage la même tarte de subventions qu’eux, comme faisant partie de leur monde. L’amateur de cet art, pourtant, est plus souvent qu’autrement le même qui va voir le théâtre qu’on appellera ici, traditionnel.

"C’est un créneau particulier où l’on doit développer le public. Les gens nous découvrent à la miette, c’est d’ailleurs pour ça que l’on refait ces trois spectacles", poursuit Ayotte. Et Pier Dufour d’ajouter: "Là, on monte Eko pour les Américains du Vermont, et on sait qu’avec ça, c’est possible d’ouvrir sur un marché anglophone." Précédant Îlo et Jolis deuils, Eko est la première des trois pièces qui seront montées du 12 au 30 avril. "Eko, explique Ayotte, est une production composée de tableaux qui ont plus ou moins de liens entre eux. On y aborde des thèmes assez contemporains, on parle du phénomène des jeunes de la rue avec un numéro assez humoristique sur un squeegee. Une autre scène est axée sur une diva: on voit son ascension et son déclin dans la vie artistique. On a également un numéro très spécial où on a mis l’accent sur le théâtre d’objets plus que sur la marionnette elle-même: il s’agit de manipulation à distance avec une espèce de mannequin qu’on laisse immobile, mais dont on change l’environnement. C’est un phénomène étrange, car l’on comprend très bien les sentiments du personnage et ce qu’il vit, où il s’en va, d’où il arrive, même s’il n’y a pas de réel mouvement ni d’échange de paroles et que tout passe par l’évocation sonore et la gestuelle sommaire (déplacement de meubles, apport d’objets). On a ensuite un clin d’œil à la magie du théâtre avec un sorcier qui concocte les marionnettes pour les numéros qui suivront."

Si Eko est mise en scène par eux, ce qui inclut Jean-François Léger, responsable surtout de la musique et des effets sonores, il se sont également adjoint les services de Marcelle Hudon, personnalité importante de l’univers de la manipulation et de la marionnette, qui met aussi en scène seule Îlo, pièce inspirée par la ville et la nuit. Jolis deuils, petites tragédies tirées de textes de Roch Carrier, sera mise en scène par Michel Bérubé. La trilogie est présentée dans le cadre du 25e anniversaire d’Espace Go. Une occasion en or de célébrer avec eux, et de voir dans un contexte idéal (c’est dans la petite salle) les effets possibles de la manipulation.

Du 12 au 30 avril
À l’Espace GO (salle 2)

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