Festival du Jamais Lu : Droit de parole
Le 4e Festival du Jamais Lu annonce ses couleurs, audacieuses. Au menu: explorations festives, échanges et engagement.
Heureux d’une nouvelle notoriété dans le milieu théâtral, le Festival du Jamais Lu a le vent en poupe. L’événement qui nous aura fait découvrir avant l’heure L’Année du serpent de Philippe Ducros ou encore l’Envie de Catherine-Anne Toupin reprend du service avec, cette fois, une programmation pour le moins intrépide. Branchées, les lectures? "C’est sûr qu’une lecture, c’est moins glamour, atteste l’acteur quasi-emblématique de l’événement, Steve Laplante. Ce qui est agréable par rapport à une mise en scène, c’est que tu te fais ton propre décor, tes propres images. Et malgré le fait que le Festival gagne des adeptes depuis quatre ans, ça reste très convivial. Il y règne une ambiance intime que l’on retrouve rarement ailleurs."
L’acteur participe cette année à deux lectures. Celle du texte de Simon Boulerice, La Condition Triviale, et celle du nouveau texte de l’auteure Fanny Britt (Honey pie) qui, pour la 50e lecture du Festival, présente Out of order-Un hiver à Montréal sous la direction de Geoffrey Gaquère. Un doublé pour l’acteur qui a déjà porté plusieurs chapeaux au sein du festival, dont celui d’auteur. "La première lecture pour un auteur, c’est très formateur. Tant que ton texte n’a pas été dans la bouche d’acteurs, tu ne sais pas s’il fonctionne. Et il arrive souvent que, comme auteur, nous comprenions le texte différemment en l’entendant livré par des acteurs. Comme comédiens, nous sommes là pour "questionner" certaines choses. Ce festival est réellement un lieu d’échanges, un espace de liberté qui a un impact direct sur le travail d’écriture."
L’ennui, c’est que les théâtres sont encore bien peu nombreux à programmer des textes dramatiques de jeunes auteurs. "On les entend à la Licorne ou au Théâtre d’Aujourd’hui, mais les auteurs sont souvent voués à fonder une petite compagnie qui s’endettera pour pouvoir produire une création, poursuit Laplante. Le Festival du Jamais Lu est donc une très précieuse tribune."
Au programme cette année, nous retrouvons trois auteurs de la francophonie canadienne, dont Marc Prescott du Manitoba et Miriam Cusson de l’Ontario. Aussi, les textes jeune public d’Emma Haché et Francis Monty seront présentés en après-midi devant diverses écoles invitées, un rendez-vous également ouvert au grand public. Du côté du volet multidisciplinaire, on explore la voix et le son, un thème qui aura donné à Olivier Choinière l’idée saugrenue de travailler la postsynchronisation d’un film pornographique. Une carte blanche qui risque de faire parler d’elle, si l’on se fie à l’extrait loufoque présenté en conférence de presse.
Mais le point fort de l’événement semble l’idée de joindre à chaque lecture un lever de rideau, comme autant de "Lettres à l’Institution" reçues suite à un appel dans les journaux. On y demandait aux gens d’écrire un court texte traitant de leur rapport à une institution, quelle qu’elle soit. Le cabaret de clôture Jamais Vert poursuivra dans la même veine, alors que les divers participants présenteront une série de numéros afin de sensibiliser certaines institutions à choisir la parole de jeunes auteurs. L’idée semblant être née du choc de certains artistes de la relève devant une lettre leur demandant de participer financièrement au redressement du Théâtre du Rideau Vert. Un malaise qui aura donné envie à la direction du Festival de faire don… des textes de ses auteurs! Un geste qui en dit long. Programmation: (514) 890-6476.
Du 14 au 23 avril
Au bar O Patro Vys
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