L'Autre Absolu : Éclipse totale
Scène

L’Autre Absolu : Éclipse totale

La compagnie L’Autre Absolu présente Autour du complexe – histoires d’éclipses, un enchevêtrement de trois courtes pièces de Serge Mandeville.

Jour d’éclipse annulaire au centre-ville de Montréal. Sur la rue René-Lévesque, en face du Complexe Desjardins, une femme se rendant au travail fait la rencontre d’une amie d’enfance pourtant inconnue. Pendant ce temps, un acteur russe se prépare à se jeter en haut d’une des tours afin de tuer les humoristes du Festival Juste pour rire. Il y a aussi le courtier, faisant visiter les lieux à un potentiel acheteur arabe. Et le conflit de deux frères éclatant au penthouse. Bref, l’auteur et comédien Serge Mandeville ne manque pas d’imagination. Mais sur ce coup-ci, il aura peut-être manqué de sens théâtral, car la suite de péripéties ne transcende jamais l’anecdote.

Le manque cruel de propos se fait rapidement sentir. L’auteur aura imbriqué trois courts textes afin d’en faire une seule histoire où tous s’entrecroisent. Malheureusement, le collage transparaît, nous laissant avec l’impression répétée de solution facile. Cette absence de cohésion explique-t-elle la carence générale qui s’en dégage? Peut-être. Les dialogues enchaînés ne laissent entrevoir aucun sous-texte, ce qui place le spectateur devant un hyperréalisme sans portée aucune. La seule métaphore existante réside dans l’éclipse qui a lieu, un événement dont l’aspect poétique est laissé au bon vouloir du public. La seule mention de l’éclipse fait donc figure de thème à une entreprise qui aurait bien besoin d’un peu de chair.

On retrouve dans cet objet très mince une distribution étonnante, qui semble donc à côté de ses souliers. Brigitte Lafleur se débat non sans vigueur dans le rôle indéfini d’une étrange Ariel, Stephan Perrault sue à grosses gouttes afin de faire rire un public désarçonné, Karine Lagueux erre, le corps trop volontaire et la diction relâchée, Marie-Ève Bertrand tente tant bien que mal de trouver une justesse à travers la mièvrerie de ses répliques; bref, que diable allaient-ils y faire… La déroute d’une telle équipe demeure frappante et demande peut-être réflexion sur l’essence de l’art théâtral et ce qu’on veut en faire.

Jusqu’au 23 avril
Au Théâtre d’Aujourd’hui

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