Top Girls : Femmes du monde
Top Girls de Caryl Churchill met en lumière les problèmes liés à la conciliation entre la vie familiale et le travail, entre les origines et l’avenir, entre la solidarité et l’ambition.
Avec Martine Beaulne comme metteure en scène et dix comédiennes de talent (dont Marie-France Lambert, Micheline Bernard et Sophie Cadieux), Top Girls, la pièce de Caryl Churchill (née à Londres en 1938), créée en Angleterre en 1982, ne pouvait pas être dénuée d’intérêt. L’histoire nous projette dans l’Angleterre des années Thatcher, pendant que les États-Unis sont dirigés par Reagan et que le filet social s’effrite pour faire place au règne de l’individu, à la montée du néolibéralisme et au retour du traditionalisme.
Marie-France Lambert interprète Marlène, une femme de carrière qui aligne ses valeurs sur les principes de réalité, qu’elle présente comme indéfectibles, que sont l’argent, le pouvoir, l’ambition, le darwinisme social. On croit immédiatement en ce personnage, car on ne sent aucun jugement de la part de la comédienne qui incarne ce monstre ayant tout fait passer devant l’essentiel. Si on voit les fissures de ce bloc de béton à travers l’absence de vie amoureuse, l’alcool et le dysfonctionnement familial sous toutes ses formes, Marlène marche néanmoins sur ses blessures pour aller de l’avant (du moins, selon elle). Personnage central, Marlène convie en début de pièce, pour souligner sa promotion au sein d’une agence de placement, des invitées pour le moins étonnantes, car issues d’époques différentes et ayant, chacune à leur manière, bouleversé la face du monde. La pièce s’ouvre donc avec la réunion d’Isabella Bird (19e siècle), Dame Nijo (13e), Dull Gret (16e), la Papesse Jeanne (9e) et quelques autres. Qu’elles aient traversé le Japon à pied, qu’elles soient issues d’une peinture de Bruegel ou qu’elles relèvent carrément de la légende, toutes discutent ensemble (c’est d’ailleurs fascinant de les voir parler en même temps) de leurs réussites, sans cacher les côtés obscurs de leurs destinées. On fête là l’avancée des femmes dans l’histoire et le poste de direction de Marlène, puis sans crier gare, on bascule dans les problèmes contemporains avec le retour au travail et le retour en famille. Dure réalité.
À l’exception de quelques longueurs (le dialogue entre les enfants: pénible et d’utilité discutable), l’ensemble permet de faire le point sur la situation et la condition des femmes, ce qui est essentiel, tout en passant un moment de théâtre stimulant, bien servi par la distribution et la mise en scène.
Jusqu’au 30 avril
À l’Espace GO
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CONCOURS TOP GIRLS AU THÉÂTRE ESPACE GO Répondez à la question Selon vous, le point de vue des femmes est-il un facteur de changement pour la société? Si oui, comment? Si non, pourquoi? à l’adresse www.voir.ca/TopGirls et courez la chance de gagner une paire de billets pour le spectacle ainsi qu’un souper en compagnie des comédiennes et de la metteure en scène. |