Bruno Coppens : Le bain oral
Scène

Bruno Coppens : Le bain oral

L’humoriste belge Bruno Coppens convie le public québécois à une orgie du langage dans son Bain zen. Et attention, cela ne se fera pas sans éclaboussures.

En spectacle pour la première fois dans la région de l’Outaouais, Bruno Coppens y présentera la 165e représentation du spectacle qu’il créait il y a deux ans. Dans cette deuxième création, Coppens se permet tous les délires puisqu’il traite de la question du bonheur et de ses recettes. "On construit rarement une pièce de théâtre à partir de quelque chose de positif, on parle d’abord du drame, de l’horreur, de ce qui ne va pas… J’ai décidé, pour ma part, de partir de ce qui paraît positif, c’est-à-dire le bonheur, pour montrer enfin l’aspect négatif de ces marchands de bonheur qui veulent nous vendre des recettes… Au fond, l’idée, c’est "comment échapper au bonheur", ce n’est pas que je ne veux pas être heureux, mais je veux surtout échapper au bonheur qu’on nous impose", explique l’humoriste, qui n’est pas sans rappeler Sol par sa gymnastique langagière.

Arrivé au Québec depuis à peine deux semaines, Coppens, actualisant toujours son spectacle, a déjà ajouté deux allusions ponctuelles à son spectacle – notamment à Jean Coutu et à Lakota -, de façon à l’adapter au public québécois. Bain zen traite aussi et surtout des préoccupations de l’humoriste, notamment de "l’immondialisation spirituelle, des philosophies orientables et sentimentales". "Je n’écris pas tous les jours, mais j’amasse des petits bouts de phrases ici et là, et au bout de quelques mois, je me rends compte qu’il y a des thèmes récurrents, des choses qui m’obsèdent. Il y a quand même un creusage de tête à un certain moment, il faut que la sauce prenne, mais au départ c’est très parcellaire, c’est comme un puzzle. En fait, la vie de chacun est comme un puzzle; les choix que nous faisons du matin au soir reconstituent ce que nous sommes. Et quand je laisse traîner tous les mots sur les feuilles et que je regarde après quelque temps, je me rends compte que c’est en fin de compte le portrait de ce que je suis", constate-t-il. Mais attention, l’auteur se défend bien d’offrir une œuvre biographique, il présente plutôt un reflet de ses petits démons intérieurs. "C’est sûr qu’il y a un côté thérapeutique dans le spectacle: il y a toute une part de sketchs que je dirais simplement drôles, d’autres qui sont plus ironiques et puis, à la fin, il y a vraiment une rencontre plus poétique et amoureuse. Le fait est que, dans ma vie, les choses se sont placées aussi de façon très optimiste, alors je sais que quand vous dégagez des énergies positives – bien, c’est comme le Feng Shui (rires) -, l’environnement s’en ressent."

Si Bruno Coppens joue avec les mots comme un musicien accorde sa guitare, c’est justement dans cette musicalité qu’il trouve son compte. "J’aimerais beaucoup un soir n’avoir devant moi que des Japonais parce que je voudrais savoir après le spectacle ce qu’ils auraient entendu comme sonorités, ce qu’ils auraient compris comme émotions. Je me dis que la musicalité des mots a aussi une signification à part entière. Et j’essaie, à travers les jeux de mots justement, de montrer leur sens, c’est aussi une sonorité, une plastique. Comme un bébé qui ne comprend pas ce que sa mère lui dit, mais qui en ressent l’émotion, l’intention", conclut-il.

Le 21 avril à 20h
À la Salle Jean-Despréz

Voir calendrier Humour