5 heures du matin : Première heure
5 heures du matin de Paula de Vasconcelos, créé à partir d’un tour du monde photographique de Serge Clément, offre aux spectateurs une ode à la fragilité de l’aube.
5 heures du matin. Moment fugitif où la brume nettoie l’ardoise. Instant de toutes les absolutions. Après s’être attardée à l’aurore de l’humanité avec Babylone, la compagnie Pigeons International se penche maintenant sur le miracle répété de l’éclosion du jour. À la demande de la compagnie, le photographe Serge Clément aura rapporté d’un peu partout sur la planète des clichés glanés dès potron-minet. C’est à partir de cet émouvant périple photographique que la chorégraphe et metteure en scène Paula de Vasconcelos aura conçu sa 12e création.
Métissant une fois de plus le langage corporel et la parole, entrecroisant la métaphore et la définition, Vasconcelos propose un objet théâtral où les histoires individuelles illustrées au premier plan côtoient l’universalité projetée en toile de fond. Alors qu’une quadragénaire (Violette Chauveau) cherche à définir son mal de vivre en livrant au compte-gouttes ses impressions à un thérapeute (Bruno Schiappa), les images de Clément nous guident dans l’univers feutré de la Mosquée Bleue d’Istanbul ou encore sur les rives ensommeillées du Tage à Lisbonne.
C’est à ces deux langages déjà en contrepoint que se jouxtent les tableaux chorégraphiés, confirmant une fois de plus que Vasconcelos maîtrise le pouvoir d’évocation du corps en mouvement. Rappelant les toiles d’Egon Schiele, les étreintes noueuses se font et se défont, chairs imbriquées ou esseulées. Le ballet du glissement des corps d’un couple endormi ouvre l’univers propre à Pigeons International où la quotidienneté rejoint la poésie.
Si la charge visuelle est indéniable, la portée dramatique paraît toutefois plus faible qu’à l’accoutumée. La compagnie tombe pour la première fois dans le piège d’une parole réductrice, brisant l’amplitude de l’image et la portée sensorielle de l’œuvre. On assiste alors à une création qui s’impose paradoxalement des cloisons. Elle demeure néanmoins l’exemple probant d’un art remarquablement vivant et par le fait même incontournable.
Jusqu’au 30 avril
À l’Usine C
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