Diskotëk : Party privé
Diskotëk , le dernier spectacle de la troupe Momentum, invite le spectateur à s’animer. Mais y arrive-t-il?
Quand on sort de l’Aria, l’after-hour de la rue Saint-Denis, après une représentation de Diskotëk, on se demande pourquoi nous ne sommes pas allés directement dans une discothèque, sans acteurs (du moins patentés), où nous aurions peut-être pris davantage part à ce qui se passait. Car il est bien là, le malaise, dans cette idée d’observer nos contemporains, comme si nous étions une société de l’an 3005, et à la fois de participer à la danse, car nous formons la foule. La distance est à la fois trop grande et trop mince, pour participer ou approfondir.
Conçu par François Papineau, Réal Bossé et surtout Sylvie Moreau, le spectacle démarre en 3005 avec la conférence du docteur Letisius Tarminni (Réal Bossé), un chercheur suédois mondialement connu, doublé d’un poète, traduit simultanément par Démosine Viaroube (Sylvie Moreau), qui nous présente ses dernières découvertes sur le sentiment amoureux et les phénomènes d’approche. Sa démonstration en 4D nous entraîne immédiatement à notre époque, dans une discothèque, et regroupe les principaux archétypes (ils sont plus d’une dizaine sur scène) de la faune du milieu. Le tout se déroule surtout sans texte, et se construit par le biais du langage corporel, de la danse, et par les codes et rites qui gouvernent la vie nocturne des humains.
Le regard anthropologique qui est posé arrive à cerner l’aspect animal de l’humain confronté aux règles du civisme et aux comportements à adopter dans une discothèque, mais le tout demeure beaucoup trop à la surface des choses pour que le spectateur en tire quelque chose. En ce sens, la pièce Quelques éclats de verre, de Botho Strauss, présentée l’an dernier au bar 980 dans une mise en scène de Geneviève L. Blais, allait beaucoup plus loin avec un matériau similaire. Ici, à défaut de retenir de la substance, le spectateur pourrait s’abandonner aux rythmes de DJ-FM (Jean-Frédéric Messier), très bon dans le genre, mais ce n’est pas évident, vu le contexte. Imagineriez-vous avoir envie de danser en regardant un documentaire sur les rites d’une tribu quelconque? Et s’il y a bien quelques bonnes idées autour du culte et au niveau des interprétations possibles d’une société future, si le jeu des comédiens est bon, et que certains savent danser (l’aisance de Brigitte Poupart est remarquable), on se lasse très vite de la proposition.
Jusqu’au 30 avril
À l’Aria
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