Jean Grand-Maître : L’amour est une sale affaire
Le chorégraphe Jean Grand-Maître, un Québécois d’origine aujourd’hui directeur artistique de l’Alberta Ballet, s’arrête à Montréal pour présenter son plus récent spectacle, Les Liaisons dangereuses.
Les auditoriums d’Edmonton et de Calgary étant en rénovation, l’Alberta Ballet a dû entamer sa saison 2004/2005 dans de plus petits espaces, ce qui a poussé le directeur artistique à se lancer dans la création d’un spectacle intimiste. Jean Grand-Maître a alors choisi de revisiter l’œuvre de Choderlos de Laclos, explorée quelques années auparavant à la suite d’une commande du Ballet national de Norvège. "J’avais envie de retravailler cette œuvre parce que je sentais que je pouvais aller encore plus loin, explique le chorégraphe. De plus, elle cadrait parfaitement avec la vision que je souhaite intégrer à la compagnie, soit une identité qui a du chien, davantage contemporaine."
Défini comme un thriller érotique, Les Liaisons dangereuses entraîne le public dans une cruelle histoire de convoitise, de séduction et de vengeance. Sombre, lourde, crue et choquante, bien loin des contes enchanteurs à la Walt Disney, cette pièce, qui s’avère toujours actuelle, évoque la pourriture de l’aristocratie et la militarisation de la société. "Il ne suffit que de quelques mots pour cerner l’ennemi et se permettre de l’achever sans culpabilité", spécifie le créateur en établissant un parallèle entre le roman et la campagne anti-terroriste de Bush.
Grand-Maître, qui veut s’assurer que l’œuvre est bien comprise sans toutefois tomber dans le pantomime ou le cliché narratif, intègre une bande sonore contenant quelques extraits du texte de Laclos, narrés par Linda Sorgini et Paul Savoie. Un groupe de danseurs, vêtus de costumes classiques du XVIIIe siècle, assurent pour leur part le côté théâtral du spectacle. Situés à l’arrière-scène, derrière une tulle qui nous transporte dans un décor médiéval, une douzaine d’interprètes incarnent les sulfureux personnages de Valmont et de la Marquise de Merteuil. Juxtaposés dans la boîte noire de l’avant-scène, les autres danseurs, frôlant la nudité, modernisent le drame évoqué de façon purement émotive.
Ayant connu une carrière internationale qui l’a amené à travailler pour de prestigieuses compagnies, le metteur en scène de la comédie musicale Roméo et Juliette, de la haine à l’amour se dit fort heureux du travail accompli avec l’Alberta Ballet. "La relation intime établie avec les danseurs au cours des trois dernières années crée un microcosme sain et équilibré qui me permet de me surpasser, de conclure Grand-Maître en toute humilité. Je considère que j’y ai fait mes meilleurs shows."
Le 28 avril
À la Salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau
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