Appelez-moi Stéphane : Liberté conditionnelle
Scène

Appelez-moi Stéphane : Liberté conditionnelle

Appelez-moi Stéphane, mis en scène par Denis Bouchard, offre aux spectateurs une autre joyeuse incursion dans l’univers populaire de Claude Meunier.

Qu’ils s’appellent Réjean ou Jean-Guy, les personnages du tandem MeunierSaïa sortent tout droit de la parenté. Après le succès télévisuel de La Petite Vie et les résurrections successives des Voisins et des Noces de tôles, Claude Meunier aura créé peut-être malgré lui les archétypes loufoques d’une société québécoise. Nous les reconnaissons sur scène comme dans nos familles.

Appelez-moi Stéphane réunit trois femmes et deux hommes désireux de suivre des cours de théâtre amateur. L’activité qui devait "raffermir" leur personnalité se révélera une expérience où leur définition propre sera remise en question. À force de suggestions maladroites de la part de l’animateur de l’atelier, les fantasmes de certains des artistes en herbe se muteront en véritables névroses, détruisant leur stabilité plutôt que de la fortifier.

Contrairement à ce qui était mis de l’avant lors la création, il y a plus de 20 ans, il ne s’agit plus tant d’un abus de pouvoir volontaire de la part de l’animateur que d’une naïveté inquiétante, ingénuité que l’on retrouve également chez ses pupilles. Un état bien caractéristique, il faut le dire, de l’ensemble de notre société actuelle. A l’ère des thérapeutes et de l’obligation d’un épanouissement individuel, il est intéressant de voir le possible dérapage d’une telle incursion dans la "psychologie de bottine" déguisée. Ici, le milieu théâtral en prend pour son rhume, alors que les techniques utilisées par l’animateur sont clairement reconnaissables pour quiconque a tâté les bancs d’une école de théâtre. Il est d’ailleurs jouissif de voir Normand Chouinard, ancien directeur du Conservatoire de théâtre, se prêter au jeu avec autant d’humour. Mais il pourrait s’agir d’une thérapie de groupe; d’un atelier de yoga créatif. Les parallèles ne manquent pas, pour le moins qu’on y réfléchisse.

Il reste que la comédie se contente ici de son rôle divertissant. On y rit plus souvent des gags et lazzis – savoureux, il faut l’avouer – que des traces de notre bêtise collective. En espérant que l’inconscient collectif y trouve son compte.

Jusqu’au 21 mai
Au Théâtre Jean-Duceppe

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