L'histoire des ours panda : Rites de passage
Scène

L’histoire des ours panda : Rites de passage

Avec L’histoire des ours panda…, Pascal Contamine se mesure à un genre qui lui réussit fort bien.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Pascal Contamine n’a pas chômé au cours des derniers mois. En février, entre les murs d’Espace libre, le directeur du Centre international de recherche et d’action artistique et multimédia (CIRAAM) signait Dossier Prométhée, une charge plus ou moins subtile contre l’hégémonie américaine. Peu de temps après, au Théâtre La Chapelle, un groupe de finissants de l’UQAM proposait L’Ombre incongrue de F., une savoureuse incursion dans les méandres du psychisme humain. Continuant sur sa lancée, le metteur en scène présente L’histoire des ours panda racontée par un saxophoniste qui a une petite amie à Francfort, une pièce du Français d’origine roumaine Matéi Visniec.

Bien que la dramaturgie de Visniec soit montée à travers le monde, Pascal Contamine est, outre Claude Lemieux (qui a signé Théâtre décomposé ou L’Homme-poubelle et La Femme comme champ de bataille au Prospero), l’un des rares créateurs québécois à s’y intéresser. Dans L’histoire des ours panda…, un homme se réveille avec une belle étrangère à ses côtés. Puisqu’il est déterminé à la connaître, elle lui propose un pacte: elle viendra le retrouver durant neuf nuits, pas une de plus. Au cours de ces nuits, l’homme apprivoisera des réalités bien plus vertigineuses que tout ce qu’il aurait pu soupçonner. Alors que ces énigmatiques prémices nous entraînent vers l’absurde, la mise en scène offre un tendre et sensible contrepoint à l’étrangeté qui ne cesse de croître. Le directeur du CIRAAM à la barre d’un huis clos tout en nuances: qui l’eût cru?

Les aménagements scénographiques de Maryse Pressault-Chalifoux et les superbes éclaircies de Maxime Da Silva métamorphosent un banal appartement en un lieu de transition baigné de surréalisme. Malgré quelques passages à vide, les deux comédiens livrent de convaincantes interprétations. Stéphane Franche traduit bien l’abandon graduel de son personnage et Isabelle Lamontagne paraît nimbée d’un affriolant mystère. Devant la pertinence de cette rencontre entre Visniec et Contamine, on se prend à souhaiter que le metteur en scène s’attelle plus souvent à des univers aussi sobres et intimistes.

Jusqu’au 14 mai
Au L Corridor (3655, Saint-Laurent)

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