Slimane Bénaïssa : Il était une foi
Scène

Slimane Bénaïssa : Il était une foi

L’auteur algérien Slimane Bénaïssa, qui nous avait présenté Prophètes sans dieu, revient à Montréal dans le cadre du Festival de théâtre de l’Assomption (FAIT).

L’année dernière, l’auteur Slimane Bénaïssa réunissait sur une même scène Jésus et Moïse, tels Estragon et Vladimir, attendant en vain Mahomet. Avec Les confessions d’un musulman de mauvaise foi, le dramaturge plonge maintenant au cœur de son sujet, traçant non sans humour le parcours d’un musulman de sa naissance en 1945 à nos jours.

"J’ai d’abord voulu m’amuser, précise l’auteur, joint à Paris quelques jours avant son arrivée à Montréal. J’ai voulu faire une synthèse de toute cette gravité et de toute cette violence de l’islam. Je tenais à montrer qu’un jeune musulman qui a été formé à l’islam se trouve inévitablement devant des expériences nouvelles et imprévues. Raconter l’islam, ce n’est jamais intéressant. L’anecdote sur la religion est plus éloquente que l’histoire de la religion en elle-même."

Cela n’empêche pas Bénaïssa de tracer un parallèle historique judicieux. L’auteur juxtapose en effet le parcours de la société musulmane algérienne à celui de son personnage principal. "Cet enfant naît sous la colonisation française, grandit pendant l’indépendance et connaît ensuite l’intégrisme. Ce sont donc trois ruptures au sein de sa société. Elles se compliquent au contact de ces trois ruptures biologiques que sont l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Le décalage entre ces trois périodes de cassure crée le séisme d’un individu. Et ces secousses, que l’on pourrait presque qualifier de telluriques, vont ici dévoiler simultanément la problématique de l’islam."

La pièce se divise donc en trois parties, illustrant d’abord l’univers de l’enfance, puis celui du collège et, enfin, celui de la vie adulte. Trois tableaux ayant une scénographie unique mais volontairement instable. "Je voulais qu’on y voit quelque chose qui va vers sa propre autodestruction", souligne le dramaturge, qui signe également la mise en scène. "Pour cette pièce, on m’a dit à la blague que je faisais de l’humour juif sur la religion musulmane. Je crois que le fait de bien connaître l’Islam me permet d’avoir beaucoup de distance et ainsi de m’amuser un peu avec ça. Je crois sincèrement qu’il faut en rire! Mais je ne crois toutefois pas que ce soit un humour qui puisse choquer."

Davantage connu comme romancier (La dernière nuit d’un damné), Bénaïssa ne cache pas son intérêt pour le théâtre. "J’ai écrit les Confessions dans une forme théâtrale, car c’est le lieu du conflit et ce conflit est partagé immédiatement avec un ensemble de gens. Et puis, au théâtre, on s’expose", indique celui que l’on retrouvera également sur les planches. "Si je fais du théâtre, c’est pour "être là", prendre le risque et faire partie de la représentation. Pour moi, c’est lié."

Les 13 et 15 mai
Au FAIT

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