L'Épopée de Gilgamesh : Maîtres anciens
Scène

L’Épopée de Gilgamesh : Maîtres anciens

Nicole Champagne a commencé par se servir des textes du Gilgamesh de Michel Garneau pour ses ateliers. Puis, des images qui en ont émergé, un spectacle est né. Processus.

C’est à l’occasion d’une étude sur les écrits sumériens et bibliques que Nicole Champagne, directrice artistique du Théâtre de recherche Le Contre-courant, explorant l’aspect corporel du jeu, a découvert l’adaptation de L’Épopée de Gilgamesh signée Michel Garneau. "Les textes sont tellement beaux que j’ai commencé à les utiliser comme véhicules dans mes ateliers", raconte-t-elle. Puis, la présentation, à Premier Acte l’an dernier, d’un laboratoire réunissant les images ayant émergé de ces exercices les a convaincus, elle et ses comédiens – des étudiants et des finissants du programme de théâtre de l’Université Laval -, d’en faire un spectacle. Après quoi, elle a demandé à Richard Nieoczym, disciple de Grotowski avec qui elle a été formée, d’en assumer la mise en scène. "Pour nous, c’est comme un premier jet, précise-t-elle cependant. Éventuellement, on aimerait amener le projet à une autre étape."

Devant la tyrannie de leur roi Gilgamesh, les Sumériens demandent aux dieux de les aider. Alors, ceux-ci créent Enkidou, "qui est aussi puissant que lui, mais qui représente la nature, l’aspect sauvage de l’être, alors que Gilgamesh est associé à son côté cultivé, civilisé, observe l’artiste tour à tour comédienne, musicienne et assistante à la mise en scène. Ce sont des thèmes très importants dans toute la recherche du Contre-courant, le contact avec la nature en rapport avec l’urbain." Aussitôt, les deux personnages s’affrontent. Toutefois, puisque ni l’un ni l’autre ne peut avoir le dessus, ils finissent par devenir comme des frères et partent à l’aventure. "Mais à un moment donné, les dieux trouvent qu’ils ont été trop loin et décident du tuer Enkidou, ce qui fait que Gilgamesh se rend compte que lui aussi peut mourir, poursuit-elle. Et là, il part à la recherche de la vie éternelle."

Cet univers où se côtoient dieux, hommes et animaux, ils ont par ailleurs voulu l’entourer d’une aura de magie. "C’est sûr que ce n’est pas une pièce réaliste; ça touche beaucoup au fantastique, au monde des rêves, affirme-t-elle. On passe du jardin d’Éden, à travers la civilisation, jusqu’au côté plus sombre du monde urbain, et on met l’accent sur l’aspect enfantin, dans le sens négatif du terme, des hommes de pouvoir." De même, l’attitude corporelle des comédiens n’a rien de naturel et cherche surtout à se mettre au service des images. En effet, qu’il s’agisse des héros, du chœur ou de personnages représentés en trio, ceux-ci incarnent des archétypes, évoquent la transcendance. Une approche qui fait la part belle à l’érotisme, notamment, "parce que le monde de la nature, c’est le monde charnel", ce qui permet de rendre physiquement certains des extraits du texte de Garneau ayant dû être retranchés pour l’occasion. "On travaille beaucoup à l’unification des centres d’énergie, à ce que la voix, l’imagination et le corps bougent ensemble, ce qui nécessite un entraînement physique intense pour éliminer les inhibitions, explique-t-elle. C’est un théâtre de création où ce n’est pas le metteur en scène qui dit quoi faire, mais plutôt les comédiens qui amènent les propositions." Au spectateur, maintenant, d’en prendre connaissance.

Du 24 au 28 mai à 20 h et le 29 mai à 14 h
Au Théâtre Périscope

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