La Vraie vie est ailleurs : La vie devant soi
Scène

La Vraie vie est ailleurs : La vie devant soi

La Vraie vie est ailleurs, un théâtre musical intimiste et touchant.

Avant de reprendre L’Homme de la Mancha pour la toute dernière fois et de participer au TNM à la création d’un spectacle musical inspiré à Lewis Furey par Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, le talentueux Sylvain Scott ose se lancer dans une aventure solo. Après sept ans d’exploration et de remise en question, le comédien-chanteur dévoile La Vraie vie est ailleurs, un théâtre musical qui trouve sa source dans les chansons de Réjean Ducharme et Robert Charlebois.

Dans son minuscule appartement, Vincent accumule les objets les plus divers, une matière première dont il ne parvient pourtant plus à extirper la beauté. Alter ego de Roch Plante, le pseudonyme sous lequel Réjean Ducharme mène une démarche de sculpteur, le jeune artiste traverse un bien mauvais moment de son existence. En réalité, ce dernier se trouve en panne d’inspiration depuis que Lou, son amoureuse, l’a quitté pour voir le monde. Si ce n’était des messages de Julot, son agent qui l’exhorte à créer, Vincent sombrerait dans la déprime la plus totale. Heureusement, il finit par éteindre son téléviseur – la boîte à image crachotait des boniments à propos d’abdominaux durs comme le roc – et se remet peu à peu à bricoler. Au fur et à mesure que le créateur nous livre ses états d’âme (par le biais de superbes chansons), une sculpture fantaisiste (et salvatrice) s’érige sous nos yeux.

Impertinents, les textes sont émaillés de joual et portés par le désir de surplomber les mille et un tracas du quotidien. Il n’y a pas de doute, cette langue baroque, ce style à la fois grave et banal: nous sommes bien chez Ducharme. D’ailleurs, le couple formé par Vincent et Lou fait beaucoup penser aux protagonistes de L’Hiver de force. Haute en couleurs, la scénographie de Nathalie Trépanier (adroitement mise en valeur par les éclairages d’Étienne Boucher) ajoute grandement à l’intérêt du spectacle. Sobres et chaleureux, les arrangements de Benoît Landry donnent le ton. Judicieusement ordonnées, les 14 chansons de ce spectacle nous entraînent, tout comme le personnage principal, vers la surface, vers un ailleurs meilleur. Il n’y a pas à dire, Sylvain Scott a réussi son audacieux pari.

Jusqu’au 21 mai
À la Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui

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