Les Combats : De vive lutte
Scène

Les Combats : De vive lutte

Les Combats de Geneviève L. Blais font entendre les voix d’hommes et de femmes ravagés par d’interminables affrontements.

Après s’être intéressée aux nombreuses entraves à la communication entre les individus qui sont posées par la ville (Quelques éclats de verre), Geneviève L. Blais, directrice du Théâtre à corps perdu, s’interroge sur le recours à la violence par l’intermédiaire d’un collage intitulé Combats.

Multipliant les lieux et les ambiances, Romain Fabre (scénographie) et Stéphanie Raymond (éclairages) s’approprient le Bain St-Michel avec un rare talent. Derrière les gradins, le multi-instrumentiste Carlo Verdicchio accompagne de ses sons tourmentés les moindres détours qu’emprunte l’action. Malheureusement, les quatre univers juxtaposés – liés par les déambulations d’un adolescent en fugue (Nicolas Poitras, 14 ans, fait d’ailleurs très bonne figure) – ne se révèlent pas d’un intérêt égal. Trop bref ou trop gentil, Le Violon, de l’Australien Daniel Keene, où trois membres d’une famille parlent du train qui les a menés vers la séparation, ne s’intègre jamais à la globalité du spectacle. Dans La Marianna, de José Ramon Fernandez, une femme attend, enfermée dans une cellule, le jour de son exécution. Ce monologue, émouvante incursion dans l’âme brisée d’une révolutionnaire, voit pourtant sa portée fâcheusement amoindrie par l’incohérence de l’accent de la protagoniste. Combat, la pièce du Catalan Carles Batlle, constitue l’articulation la plus consistante et, sans nul doute, la plus passionnante de la représentation. Entrelaçant les destins tragiquement antagonistes d’un homme et d’une femme, cette pièce aurait pu servir de matière à tout le spectacle. Fascinants, ces deux personnages permettent à Ève Pressault et à Étienne Pilon de livrer leur meilleure interprétation de la soirée. Devant une écriture si incisive, une construction dramatique si complexe et pourtant si limpide, on en vient à considérer le reste de la représentation comme superflu. Malgré cela, Lettre d’amour d’un jeune garçon à sa mère morte depuis peu, signé Wajdi Mouawad, clôt habilement l’ensemble, en posant des questions aux générations futures. Bien qu’ils ne soient pas exempts de maladresses, ces Combats ont le mérite de poser avec une conviction palpable des questions dont la pertinence en a effrayé plus d’un.

Jusqu’au 22 mai
Au Bain St-Michel

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