Cabaret : Cabaret Décadence
Scène

Cabaret : Cabaret Décadence

La comédie musicale Cabaret se ramène en ville avec ses deux têtes d’affiche, Sylvie Moreau et François Papineau, ainsi qu’une vingtaine de comédiens, musiciens et danseurs. Willkommen, bienvenue, welcome…

Après 100 représentations au Théâtre du Rideau Vert à Montréal et une brève escale à Québec l’été dernier, Cabaret entreprend une tournée à travers la province qui s’arrête de nouveau au Grand Théâtre pour quatre soirées endiablées. Visiblement fiers d’être associés à cette aventure, Sylvie Moreau et François Papineau ne tarissent pas d’éloges sur le spectacle, qui nous plonge au cœur d’un cabaret de Berlin, dans les années 30, en pleine montée du nazisme. Ils envoient des fleurs à la metteure en scène, Denise Filiatrault, mais surtout à la vingtaine d’artistes qui participent au projet. "Ce groupe-là est vraiment exceptionnel, lance Sylvie Moreau. Tout le monde avait un défi à relever dans ce show-là. Pour nous, les acteurs, c’était de danser et de chanter; pour les danseurs, c’était de chanter et d’interpréter. Chacun avait sa force et sa zone de fragilité. Ça a créé une sorte de solidarité incroyable parce que tout le monde avait quelque chose à s’apprendre."

La tournée débute cinq mois après les dernières représentations montréalaises. Pour les deux comédiens, il a été plus aisé que prévu de retrouver leurs personnages de Sally Bowles et du Maître de cérémonie. "On a fait des répétitions de mouvements, une répétition de chant et quelques enchaînements et c’est comme si on l’avait fait la veille", constate-t-il. "C’est vraiment incroyable comment ça revient facilement", complète-t-elle.

Même après autant de représentations, ils ne sont pas lassés de camper leurs personnages. Au contraire. Ils connaissent déjà les avantages et les inconvénients d’un succès de scène, ayant participé à des shows à succès comme L’Odyssée, qui avait fait une centaine de représentations. "Ça prend des shows d’une grande profondeur dramatique pour pas que les interprètes se mettent à plafonner et se tannent de les jouer, remarque Sylvie Moreau. Cabaret a complètement cette profondeur-là. Ce qui fait qu’on joue avec autant de bonheur qu’au début."

Créée par le prolifique duo John Kander et Fred Ebb, la comédie musicale Cabaret nous fait entrer dans l’univers de Clifford Bradshaw (Stéphane Gagnon), un jeune romancier qui arrive en Allemagne avec l’espoir de trouver un sujet pour son nouveau roman. Dès son arrivée, il se laisse entraîner dans l’univers décadent du Kit Kat Club, où il rencontrera Sally Bowles, une compatriote délurée qui se produit sur la scène de ce cabaret miteux. Lieu de perdition, le cabaret devient la métaphore d’une Allemagne qui se perd avec l’avènement du IIIe Reich.

"On a beaucoup parlé de cette pièce comme étant une pièce décadente, alors que la décadence n’est pas dans ce qui se passe au cabaret. Le décadent de cette époque-là, c’était l’uniformisation des gens. La montée du IIIe Reich, c’est ce qu’il y a de plus décadent", analyse François Papineau. "Le Cabaret, c’est la célébration de la vie", rajoute sa conjointe.

EN DUO, EN SOLO

Couple dans la vie, Sylvie Moreau et François Papineau sont souvent vus dans les mêmes projets artistiques: Dans une galaxie près de chez vous, La Bouteille, Post mortem, Catherine, L’Odyssée… Hasard ou coïncidence?

"Souvent, ce n’est pas de notre propre initiative, répond Sylvie Moreau dans une tirade ponctuée des acquiescements de son compagnon. Les choses qu’on choisit, c’est des créations qu’on a envie de faire ensemble. On fait beaucoup de projets avec des amis, avec des gens qui sont proches. On aime avoir l’avantage de cette complicité-là, déjà plus forte que juste une complicité professionnelle. On s’est connus comme des compagnons de travail et on est très compatibles dans le travail. Alors, j’imagine qu’on attire sensiblement les mêmes projets. Même si on est des interprètes très différents."

Dans les prochains mois, les amoureux proposeront un nouveau projet commun: la série Les États humains, qu’ils ont écrite en collaboration avec un groupe d’amis acteurs. Ces "fables anthropologiques" seront diffusées cet automne à ARTV. Du côté des projets respectifs, Sylvie va jouer le rôle de Cléopâtre dans Antoine et Cléopâtre de Shakespeare, pièce présentée au Théâtre du Nouveau Monde, avant de partir en tournée québécoise et européenne. On la verra aussi dans le film Familia de Louise Archambault. François sera de la deuxième saison de Vice caché, de la suite des Poupées russes et, au théâtre, dans un rôle dont il ne peut pas parler pour le moment.

De plus en plus, un besoin d’autonomie et une envie de créer ses propres projets se dessinent pour le duo. Le couple a songé à acquérir une vieille église pour y établir un lieu de diffusion et de création artistique, mais se félicite presque que le bâtiment ait été acheté par quelqu’un d’autre. "On en aurait eu pour 10 ans à rénover!" lance-t-il.

N’empêche que l’idée de créer en toute liberté, comme ils le font déjà avec la compagnie Momentum, leur démange. Ils dénoncent en chœur le formatage des produits culturels conçus pour attirer les masses. "C’est important de profiter de notre "notoriété" pour amener les gens ailleurs, pour les attirer vers quelque chose de différent. Même les objets culturels marginaux ont le droit d’exister."

Du 2 au 5 juin à 20 h
Au Grand Théâtre

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