Danse sur des verres
Première nord-américaine, cette année, aux Théâtres d’Ailleurs: Danse sur des verres, de l’Iranien Amir Reza Koohestani, qui en signe également mise en scène, décor, éclairages et son. Troisième pièce de l’artiste de 26 ans, cette production du Mehr Theatrical Group a connu le succès et suscité la controverse lors de sa création en Iran, en 2002. Elle a par la suite étonné, bouleversé et conquis nombre de spectateurs en Europe: Allemagne, Autriche, France, Suisse, Russie, Italie, Belgique.
Puisant dans certains souvenirs personnels de l’auteur, Danse sur des verres présente la relation, au passé, de Foroud, maître de danse, et de la jeune femme qu’il appelle Shiva. Installés chacun à un bout de la longue table qui les sépare et partage le public en deux parties, ils s’opposent. Foroud veut que Shiva danse pour lui, sur des verres; elle refuse, répondant à sa demande par son propre désir de vivre sa vie, sans entraves.
Leur affrontement, jamais physique, se joue uniquement en paroles. À travers les échanges, le jeu des deux comédiens (Ali Moini, Sharare Mansourabadi) et la mise en scène sobre, en partie inspirée du théâtre traditionnel iranien tazieh, se déploie la distance séparant tous les êtres. S’y dessine aussi la tension entre autorité et refus de se soumettre, image, peut-être, de tout pouvoir se heurtant au désir de s’émanciper, aux cris de liberté.