Coin St-Laurent ou les cinq doigts de la Main : Théâtre de boulevard
Urbi et Orbi présente Coin St-Laurent ou les cinq doigts de la Main, une ode au boulevard Saint-Laurent. Rencontre avec l’un de ses auteurs, François Archambault.
Le boulevard Saint-Laurent fête cette année son 100e anniversaire. Parallèlement aux célébrations organisées, un collectif d’auteurs s’est prêté au jeu d’illustrer la pluralité des univers de la célèbre "Main". S’inspirant de l’un des cinq doigts de la main, chaque auteur a signé une courte pièce dont l’action se déroule à l’une des intersections du boulevard. "La pièce dans son ensemble permet un voyage dans des univers totalement distincts, et c’est justement représentatif du caractère du boulevard Saint-Laurent", indique François Archambault, heureux de participer à l’expérience. "Comme auteurs, nous avons senti qu’il fallait explorer des endroits et des thématiques différents."
Le dramaturge, à qui l’on doit la désormais célèbre Société des Loisirs, a hérité de l’annulaire, doigt du jonc, de l’engagement. "Puisque je me retrouve souvent à parler du couple, je me suis demandé ce que je pourrais faire de nouveau. J’ai eu alors l’idée de créer des couples atypiques. La figure du père amoureux d’une très jeune fille est un fait qu’on accepte un peu plus facilement que l’inverse. Je trouvais alors intéressant de mettre aussi le jeune fils en couple avec une femme d’âge mûr et de les confronter tous les quatre dans un souper de famille. De plus, la génération des 50-60 ans a vécu la révolution tranquille. Elle a été en rupture avec ses parents. Je trouvais ironique qu’un homme qui a fait un X sur les valeurs de ses propres parents soit pris avec un fils qui cherche son approbation."
Archambault a choisi de situer son action sur le bod de la rivière des prairies, un coin où l’effet "Main" n’existe presque plus. "C’est intéressant, parce que ça ressemble à la campagne ou à Laval, mais on est tout de même au coin de Saint-Laurent." L’auteur, qui qualifie sa courte pièce de drame bourgeois satirique, se défend pourtant de récrire La Société des Loisirs. "Les personnages sont plus vieux, alors ça change la dynamique. C’est aussi beaucoup plus léger. Dans une courte pièce, on n’approfondit pas un sujet pendant une heure quarante. On visite des thèmes. De plus, les quatre auteurs et moi n’avons pas voulu porter une charge sombre. Nous sommes loin des contes urbains."
François Létourneau, choisissant le coin Sainte-Catherine, trouve effectivement le moyen de ne pas toucher au sordide. "Dans sa pièce, le bar La Calèche du sexe a été remplacé par un Club Piscine, et sa pièce met en scène un politicien s’apprêtant à faire le discours inaugural du secteur." Élisabeth Bourget situe quant à elle son action dans les années 70, au coin de Rachel, dans une famille d’immigrants. "Le désir de transmettre les valeurs ancestrales s’y frappera à celui de l’intégration, poursuit Archambault. Une mère veut apprendre à sa fille à égorger un poulet, mais la jeune préfère le poulet St-Hubert. Alors qu’aujourd’hui il y a un retour au bio, il y a toute une ironie derrière son écriture." Fanny Britt a quant à elle décidé d’explorer l’univers jet setter du coin Prince-Arthur, alors que Jean-Marc Dalpé s’est réservé le Mile-End, où un étrange duo devra se débarrasser d’un mort plutôt gênant.
Nous retrouverons les mêmes acteurs dans les cinq courtes pièces, soit Émilie Bibeau, Pierre Curzi, Jean-François Nadeau et Monique Spaziani. "C’est tout un défi pour eux, car nous avons gardé nos cinq tons très particuliers. Et, parfois, nous voyageons même à travers les époques", conclut Archambault. Un hommage hétéroclite pour un boulevard qui l’est tout autant.
Jusqu’au 18 juin
Au Théâtre La Licorne
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