François Morency : Une pause salutaire
Scène

François Morency : Une pause salutaire

L’été dernier, François Morency prenait une pause à la suite du non-renouvellement de son talk-show, Merci bonsoir. L’humoriste de 38 ans sentait alors le besoin de faire le point sur sa carrière. Presque un an plus tard, le revoilà avec un troisième one man show, qu’il rode au Théâtre Belcourt.

François Morency aurait pu orienter sa carrière dans plusieurs directions. Une semaine après l’annonce de la fin de Merci bonsoir, il recevait trois offres pour la radio et une pour la télé. Voulant couper avec le rythme quotidien des médias, il a finalement décidé de plonger à temps plein dans l’écriture d’un troisième spectacle. Il a donc profité des derniers mois pour laisser remonter à la surface des thématiques qui l’habitaient depuis un certain temps. Joint au téléphone, il révèle le contenu de ce nouveau spectacle, dont la véritable première est prévue pour cet été, à Laval.

"Curieusement, les choses dont j’ai parlé auparavant dans mes shows ne m’intéressent plus. Entre autres, tout ce qui touche les relations homme-femme, je n’en parle plus du tout. Je pense que j’ai deux jokes en deux heures là-dessus, dans des numéros qui n’ont rien à voir avec ça, alors que ça formait des numéros beaucoup plus consistants dans mes shows précédents. Maintenant, ce thème-là ne m’allume plus pour un paquet de raisons… bonnes ou mauvaises. Je te dirais que la principale est que je me suis rendu compte que mon entourage professionnel et personnel est un mélange assez équilibré de gars et de filles d’âges variés, et que je clique sur des être humains. Et les qualités humaines que je recherche sont asexuées. Donc, les différences homme-femme, même si elles existeront toujours, me tracassent moins. Je ne me bats plus contre ça. Au début de la vingtaine, naïvement, tu espères trouver "la réponse à…", rigole-t-il. Finalement, tu acceptes qu’il n’y en a pas et tu fais juste "dealer" avec les êtres humains."

SECOND REGARD

Ainsi, l’humoriste aborde des sujets universels. Il traite de la suprématie américaine; rend hommage aux raccrocheurs qui ont le courage de retourner sur les bancs d’école; parle de la pression sociale qui incite à consommer de l’alcool et à aimer ça. Cette dernière dérange d’ailleurs l’artiste, qui se sent souvent à contre-courant. "Moi, je ne suis pas un buveur. Je bois très, très, très peu. Pis c’est vraiment rendu un problème dans des soirées où tu ne peux même plus refuser un verre, où tu ne peux pas dire que tu n’aimes pas le vin sans passer pour un déviant mental. […] C’est fou le nombre de chroniques sur le vin à la radio et à la télé, dans les livres et les émissions de cuisine. Sacrifice! C’est une passion que je n’ai pas. Et je vois que ceux qui l’ont, ils l’ont pas à peu près. Et on dirait que tu n’as pas le droit de ne pas avoir cette passion." Idéaliste, Morency se permet aussi un coup de masse sur le système judiciaire, qui, selon lui, manque parfois de justesse: "J’ai l’impression que notre système ici est très "lousse". Tsé, des fois, quand on est à la petite école et que le professeur s’absente pendant deux jours parce qu’il est malade et qu’une remplaçante arrive, c’est le bordel. Personne n’écoute. On se tire des effaces et on fait les colons parce qu’on sait qu’il n’y a pas de conséquences. Notre système, ici, est un peu comme ça: on a une remplaçante. Tout le monde de toutes les autres classes vient habiter au Canada parce qu’il sait que les conséquences sont négligeables."

HUMOUR CASSE-COU

Étrangement, le sketch qui retient davantage l’attention du public est celui qui porte sur la générosité. François Morency y incarne un individu qui désire aider le monde entier, mais qui ne sait pas par où commencer. "C’est mon numéro le plus long du show et c’est de loin le numéro qui, à l’échelle de ma carrière, m’implique le plus sur le plan émotif", soutient Morency, qui admet que cette portion du spectacle se veut moins "tapes sur la cuisse". "Moi, ça m’a pris des années avant de faire un numéro comme ça parce que je n’étais pas prêt. Quand tu as un silence, ça veut dire que les gens ne rient pas. Donc, c’est une non-approbation de ton propos ou de ton écriture. Et de volontairement en arriver à un moment dans un show où tu crées ce silence-là, la première fois, c’est bien insécurisant."

Au fil du temps, le démon blond a développé une solide confiance en lui. C’est sans doute ce qui explique qu’il s’affirme davantage dans ce troisième one man show. "C’est de loin le spectacle où je donne le plus d’opinions, où je me mouille le plus. Ça aussi, c’est une question de progression, artistique et de vie. Moi, j’ai 38 ans. J’assume beaucoup plus d’affaires qu’à mon premier show, à 22 ans."

Les 27 et 28 mai à 20 h
Au Théâtre Belcourt

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